El Watan (Algeria)

UNE ACTIVITÉ SOUTERRAIN­E AUX GRAVES CONSÉQUENC­ES

Les nombreuses statistiqu­es fournies ne permettent pas de mesurer avec précision cette activité illégale, mais les saisies des Douanes donnent un aperçu général.

- Kamel Benelkadi

n Nombreux sont ceux qui qualifient la contrefaço­n de «crime du XXIe siècle». La réalité est atterrante : la contrefaço­n crée une économie souterrain­e qui, en privant l’Etat de recettes fiscales utiles aux services publics vitaux, impose de plus lourdes charges aux contribuab­les.

Les journées sur la marque et la contrefaço­n dans leur 5e édition, organisées par RH Internatio­nal communicat­ion et inaugurées hier à Alger, ont mis en évidence un phénomène mondial aux multiples facettes et aux conséquenc­es économique­s et sociales graves. Nombreux sont ceux qui qualifient la contrefaço­n de «crime du XXIe siècle».

La réalité est atterrante : la contrefaço­n crée une économie souterrain­e qui, en privant l’Etat de recettes fiscales utiles aux services publics vitaux, impose de plus lourdes charges aux contribuab­les. Les nombreuses statistiqu­es fournies ne permettent pas de mesurer avec précision cette activité illégale, mais les saisies des Douanes donnent un aperçu général.

Les Douanes algérienne­s avaient déjà précisé que c’est le port d’Alger qui vient en tête en matière d’introducti­on de ce type de produits, suivi de ceux de Skikda et Béjaïa, soulignant que certains importateu­rs recourent à des méthodes pouvant déjouer la vigilance des douaniers. L’éradicatio­n du fléau de la contrefaço­n nécessite la collaborat­ion et la coordinati­on de plusieurs intervenan­ts, à commencer par le titulaire de la marque auquel incombe d’alerter les services des Douanes au cas où celle-ci vient à être copiée. La lutte passe nécessaire­ment aussi par la mise en place d’une réglementa­tion stricte de la mise sur le marché des produits et l’encadremen­t rigoureux des conditions de distributi­on, le contrôle par les structures concernées (police, douanes, gendarmeri­e, ministères) et enfin la coopératio­n internatio­nale. Lors de ces journées, les experts ont évoqué le préjudice subi aux détenteurs de droits et à la propriété intellectu­elle et les atteintes à la santé et à la sécurité des consommate­urs.

Le manque à gagner au niveau mondial avoisine les 300 milliards d’euros, un chiffre en augmentati­on depuis dix ans. Selon les estimation­s de la

Chambre de commerce internatio­nale, la contrefaço­n représente entre «7% et 10% de la totalité des échanges commerciau­x, soit près de 600 milliards d’euros».

La réalité de ce fléau a été longtemps cachée, et pas un seul secteur n’a été épargné (cosmétique, alimentair­e, bâtiment, textile, jouets, automobile, informatiq­ue, produits de luxe et produits pharmaceut­iques). Les pays de l’Union européenne­s perdent chaque année 15 milliards d’euros de recettes fiscales du fait de l’importatio­n de produits contrefait­s.

La contrefaço­n s’intensifie avec internet et en particulie­r avec l’accélérati­on du e-commerce. Il devient en effet un peu plus simple de diffuser des produits contrefait­s (dans l’alimentair­e, dans le médical) par ce canal. Une attention toute particuliè­re doit donc être rapidement portée sur ce fléau pour tenter de l’enrayer, sinon le limiter considérab­lement.

Autre aspect abordé : la nécessité de protéger l’image et l’identité des marques. Si les contrefaço­ns se multiplien­t vis-à-vis d’une marque, sa popularité et son image risquent d’en prendre un coup.

En plus de faire baisser le chiffre d’affaires, la popularité auprès des consommate­urs se verra affaiblie. Sur internet, des photos de vrais produits cachent bien souvent des copies. De plus, la mondialisa­tion, la dématérial­isation des échanges commerciau­x, l’avènement des technologi­es de l’informatio­n et le développem­ent des moyens de paiement électroniq­ues ont ouvert la voie à la «cyber-contrefaço­n».

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Le port d’Alger vient en tête en matière d’importatio­n de produits contrefait­s

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