Les autorités algériennes appelées à réagir !
Depuis près d'un mois se poursuit le calvaire de 25 ressortissants algériens résidents en Grande-Bretagne et bloqués en France, au niveau de l'aéroport international parisien Roissy-Charles-deGaulle, où ils devaient faire une escale pour rentrer au pays via des vols Paris-Alger d'Air Algérie, les 26, 27 et 28 février.
Or, ils n'ont pas pu embarquer à cause des instructions gouvernementales portant sur la suspension des voyages à destination de l'Algérie en provenance du Royaume-Uni, dans le cadre du renforcement des restrictions sanitaires visant à endiguer la propagation du variant anglais de la Covid-19. L'annulation de tous les vols de rapatriement, au moins jusqu'au 31 mars en cours, n'a pas arrangé les choses pour eux. «Nous vivons dans des conditions terribles, insupportables. Nous dormons sur les fauteuils de la salle d'attente et nous mangeons grâce à la charité des voyageurs du monde entier, qui se sont montrés très solidaires. Parmi nous, il y a 2 enfants et 4 femmes, mais aussi des personnes âgées très malades, dont une atteinte de cancer. Nous ne cherchons pas le buzz et nous ne voulons pas faire de la politique. Nous voulons faire valoir nos droits et demandons à une compagnie aérienne de faire son travail. Nous voulons juste rentrer chez nous, dans notre pays», a expliqué Abderrahmane, joint hier après-midi par téléphone. Il est l'un des «naufragés» dont l'affaire est très suivie par les médias français. «Cette situation ne peut plus durer.
Nous faisons donc appel aux autorités algériennes pour réagir rapidement et y mettre un terme. Ce sont des ressortissants algériens, non pas des étrangers. Il est urgent de sauver leur dignité en tant qu'êtres humains, mais aussi en tant que citoyens algériens», a déclaré à El Watan Me Karima Hadj Saïd, chargée par les voyageurs bloqués, ainsi que son confrère Me Alexandre André, d'engager des procédures juridiques pour tenter de solutionner le problème. Dans ce sens, elle affirme avoir assigné le ministère de l'Intérieur français devant le tribunal administratif, le 22 mars, pour «permettre de transférer nos clients dans un hôtel en zone de transit afin de préserver leurs dignité et intégrité physique». Et d'ajouter : «Ce matin (hier, ndlr), nous avons aussi assigné la préfecture de Paris pour pouvoir rencontrer nos clients.» L'avocate au barreau de Paris a, par ailleurs, annoncé déposer un référé devant le tribunal de Paris pour «contraindre Air Algérie à respecter ses obligations envers ses clients et de faire acheminer les voyageurs vers leur destination finale, en l'occurrence Alger». Notre interlocutrice a exprimé son souhait que ses clients puissent avoir gain de cause rapidement, surtout qu'on est à la veille du mois de Ramadhan, et en sachant qu'ils «ont respecté toutes les démarches qu'il fallait suivre et avaient reçu les autorisations des autorités consulaires algériennes en GrandeBretagne avant d'acheter leurs billets chez Air Algérie et embarquer pour des vols Londres-Alger avec une escale à Paris». Enfin, selon elle, l'assignation faite aux voyageurs de retourner à Londres est inacceptable, car «pour certains, leurs visas sont arrivés à expiration, pour d'autres, ils sont sans papiers. Donc, même s'ils le veulent, ils ne le pourront pas. De plus, il y a le coût qu'engendrerait un retour vers Londres, pour ceux qui le peuvent légalement, à cause de la mise en quarantaine obligatoire exigée par les autorités britanniques à la charge des passagers, à hauteur de 200 à 300 euros de frais d'hôtel par jour». Pourtant, c'est la seule solution proposée, pour l'instant, par les autorités algériennes. En effet, l'ambassade d'Algérie en France a réagi, à travers un communiqué, en exprimant aux concernés «la nécessité de retourner à leurs lieux de résidence en attendant la réouverture des frontières». La représentation diplomatique a rejeté tout manquement en affirmant que les voyageurs avaient été «informés individuellement» qu'ils ne pouvaient pas rentrer au pays vu la situation sanitaire actuelle.
Quant aux autorités françaises, le ministère des Affaires étrangères assure «chercher une solution», ce qui ne semble pas facile, tant les voyageurs sont encore dans la zone internationale. Dans ce sillage, le député Alexis Corbière, membre du parti de l'opposition La France insoumise, a écrit, avant-hier, à Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères, et Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, pour les interpeller sur cette situation «inhumaine» qui «doit cesser» en «urgence». Dans sa lettre, rendue publique sur Twitter, il les exhorte de «tout mettre en oeuvre pour que ces personnes puissent enfin rejoindre leur destination ou, à défaut, être autorisées au séjour en France et accueillies dans des conditions dignes».