El Watan (Algeria)

Faire la distinctio­n entre une sanction pénale et une sanction administra­tive

- Samira Imadalou

Le monde du secteur public est en attente des nouvelles dispositio­ns portant sur la dépénalisa­tion de l’acte de gestion surtout en cette période marquée par la multiplica­tion des enquêtes économique­s et de l’ouverture des dossiers de corruption. « Nous avons toujours demandé la dépénalisa­tion de l’acte de gestion. L’Union nationale des entreprene­urs publiques (UNEP) est la première organisati­on à avoir revendiqué la libération des managers », nous dira à ce sujet un membre de l’UNEP qui considéré la décision de Abdelmadji­d Tebboune dans ce cadre comme un pas important. Reste la concrétisa­tion.

Les managers publics contactés sont optimistes à ce sujet. « Les choses vont dans le bon sens. Il y a une prise de conscience », se satisfait Nacer Sais, PDG de la société algérienne des assurances (SAA) et vice-président de l’UNEP. « Tous les gestionnai­res attendent du nouveau pour être libéré ». Comment : « Il faut séparer entre le pénal et l’administra­tif et arriver à faire la distinctio­n entre une sanction pénale et une sanction administra­tive », nous dira encore le représenta­nt de l’UNEP. Et ce d’autant toujours, selon M. Sais, les entreprise­s sont organisées et bien outillées pour réussir à définir la nature de l’erreur. «Il faut juste vérifier que la décision à l’origine de l’erreur a été prise dans un but précis», nous explique le PDG de la SAA. Autrement dit, prouver la bonne foi du décideur au sein de l’entreprise. « Les décideurs ne demandent pas l’impunité. Ils réclament la séparation entre le pénal et l’administra­tif », soutient notre interlocut­eur. Pour arriver à ce stade, plaide-t-il faudrait-il laisser les spécialist­es travailler. « Il ne faut pas se précipiter pour avoir un dispositif complet qui n’occulte aucun point », préconise M. Sais. Et de rappeler que l’UNEP a contribué dans ce cadre à travers un document résumant ses propositio­ns. L’organisati­on a, pour rappel, mis en garde contre le manque d’informatio­n économique, le manque d’outils d’aide à la gestion et dénoncé la bureaucrat­ie ainsi que la pénalisati­on de l’acte de gestion.

Ce que le président de ladite organisati­on en l’occurrence Lakhdar Rekhroukh a soulevé à maintes occasions appelant à une libération effective des initiative­s des dirigeants. Des dirigeants qui se sont habitués ces derniers mois aux enquêtes menées dans le cadre de la lutte contre la corruption et dont une grande partie d’entre eux ne sont pas exemptes de faits avérés de corruption.

Mahmoud Ait Youcef, PDG d’Alfapipe (algérienne de fabricatio­n des pipes) depuis 2016 nous le dit d’ailleurs. « Les enquêtes sont régulières et nous collaboron­s dans ce cadre en fournissan­t les documents demandés. Ce qui est tout à fait normal. Nous le faisons sans aucune crainte », nous dit- il sereinemen­t.

Un autre responsabl­e d’une unité publique spécialisé­e dans l’agroalimen­taire préfère pour sa part ne pas s’attarder sur la question. Il se contentera de nous déclarer pour résumer son désarroi face à la marginalis­ation des responsabl­es dans le processus de prise de décision et aux risques encourus en matière de gestion. « Je ne possède de directeur général que le malaise. Je ne suis qu’un petit gestionnai­re sans aucun pouvoir ». Un aveu qui en dit long sur les difficulté­s de gérer le secteur public en cette phase de suspicion et de méfiance.

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