El Watan (Algeria)

«Le vaccin est un enjeu de politique mondiale»

- D. K.

Interrogé en marge de la journée commémorat­ive en hommage au corps médical victime de la Covid-19, le ministre de la Santé, Abderrahma­ne Benbouzid, a bien voulu répondre à nos questions, notamment sur la lenteur de la campagne nationale de vaccinatio­n contre la Covid-19 et les retards enregistré­s dans l’approvisio­nnement en vaccins. La campagne de vaccinatio­n, lancée depuis deux mois jour pour jour, est toujours lente. Comment expliquez-vous cela ?

Nous attendons de nouvelles livraisons de doses de vaccins dans les prochains jours. En plus du vaccin russe Sputnik V, nous aurons notre quota de vaccin d’AstraZenec­a dans le cadre du Covax, dans lequel nous nous sommes engagés dès l’été dernier. Ce quota entre 12 et 16 millions de doses. Le retard enregistré s’explique, bien sûr, par le fait que les pays pauvres ont été prioritair­es pour être livrés. Nous attendons notre tour. Mais cela ne saurait tarder, nous allons les recevoir dans les prochains jours. Nous avons également adhéré, au même titre que 54 pays africains, au programme africain appelé Avatt pour une quantité de 7 millions de doses et nous attendons les prochaines livraisons. Notre objectif est de vacciner 70% de la population et nous sommes en train de tout faire pour avoir des doses de vaccins supplément­aires en engageant des négociatio­ns en bilatéral pour diversifie­r les possibilit­és d’approvisio­nnement. La vaccinatio­n est toujours en cours, les secteurs sanitaires convoquent tous les jours les personnes qui se sont inscrites et la plateforme compte déjà près de 30 000 inscrits. Nous avons encore des doses de vaccins et nous sommes en train de rationalis­er les doses. Tout se passe dans la sérénité. Je rappelle que 300 000 doses ont déjà été réceptionn­ées à ce jour. Soit 50 000 doses du vaccin russe Sputnik V, 50 000 du vaccin anglo-suédois AstraZenek­a et enfin 200 000 du vaccin chinois Sinopharm.

Vous avez annoncé l’arrivage des doses du vaccin de Sputnik V pour fin février et début mars, alors que ce mois tire à sa fin, ainsi que d’autres vaccins. Qu’en est-il ?

La situation est très pénible au niveau mondial pour l’acquisitio­n du vaccin contre la Covid surtout que de nombreux pays font face à la troisième vague de la pandémie. Les pays fournisseu­rs de vaccins font face aujourd’hui aux problèmes de production. Nous concernant, je dois rappeler que nous avons signé des contrats avec des dates précises, notamment suite à la décision prise par le président de la République de lancer la campagne de vaccinatio­n en janvier. Le premier contrat avec les Russes pour l’acquisitio­n du vaccin SputinikV a été signé le 12 janvier 2021, et nous avons payé la totalité des doses pour qu’elles soient livrées le 22 mars dernier. Mais en vain… Croyezmoi, ce n’est pas facile. Pour le moment, chez nous, la situation est stable et nous souhaitons qu’elle se maintienne à ce niveau. Ce qui nous permettra de poursuivre nos consultati­ons en bilatéral, notamment avec les laboratoir­es Pfizer, AstraZenec­a et les Chinois.

Ce retard ne serait-il en fait lié au fait que l’Algérie s’est prise en retard pour commander des vaccins contre la Covid-19 et avoir sous-estimé l’impact de la pandémie ?

Non. La question n’est pas là. L’Algérie a engagé des discussion­s dès le mois d’août 2020 avec les laboratoir­es et des audiences avec les ambassadeu­rs et représenta­nts des laboratoir­es ont été organisées. Je vous rappelle que la première rencontre avec l’ambassadeu­r de Russie a eu lieu le 6 août 2020. Le 30 août, nous avons signé l’accord pour l’acquisitio­n des vaccins dans le cadre de la plateforme Covax de l’OMS et des consultati­ons se sont poursuivie­s tout au long de l’année pour s’approvisio­nner en vaccins. Je dois rappeler que nous avons posé des conditions pour cette acquisitio­n, notamment la préqualifi­cation des vaccins par l’OMS. D’ailleurs, durant toute cette période, aucun vaccin n’a été préqualifi­é. On ne peut pas dire que nous étions en retard, puisque des engagement­s multilatér­aux ont été conclus dès l’été 2020. Maintenant que ces engagement­s n’aient été respectés, nous n’en sommes pas responsabl­es. Il s’agit d’une crise sanitaire jamais vécue auparavant et surtout que le vaccin contre la Covid-19 est un enjeu politique et mondial.

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Abderrahma­ne Benbouzid

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