El Watan (Algeria)

Un communiqué qui met fin au suspense

L L’entreprise a confirmé sur son site officiel qu’il s’agissait d’huiles de moteur dégradées.

- Yousra Salem

Après dix jours de tergiversa­tions, de déclaratio­ns, d’expertises, mais aussi de suspense hitchcocki­en, qui a tenu en haleine la population de la paisible commune rurale d’Ouled Rahmoune, située à 30 km de Constantin­e, voilà qu’un communiqué de Sonatrach, tombé dans la matinée d’hier, a pris tout le monde de court, mettant fin à toute une histoire de présumée découverte d’hydrocarbu­res dans la région, après la diffusion sur le site officiel de l’entreprise du document résumant les résultats des analyses effectuées durant une semaine par ses experts pluridisci­plinaires. «Après l’interpréta­tion de l’ensemble des résultats des différente­s analyses, Sonatrach informe l’opinion publique que l’huile issue de ce puits d’eau artésien est une huile de moteur très dégradée, prouvée par la présence de métaux en quantités importante­s qui est probableme­nt due à l’usure et la pollution de cette huile», a précisé Sonatrach dans son communiqué. Et d’expliquer à propos des émanations de gaz constatées : «Le méthane est le principal constituan­t analysé. Il s’agit du biogaz issu de la fermentati­on de matières organiques animales ou végétales en l’absence d’oxygène.» Enfin, il est mentionné dans le même document : «Il a été convenu avec les autorités en place de sécuriser le périmètre et de préserver les ressources hydriques à travers le colmatage du puits en question.»

Il faut dire que le communiqué qui n’était pas explicite a laissé de nombreux spécialist­es, mais aussi les médias et les organes de presse sur leur faim. De nombreux points d’interrogat­ion restent sans réponse sur l’origine de ces huiles de moteur et des émanations de gaz, surtout qu’il s’agissait d’un forage ordinaire et ce genre d’incidents est vraiment rare, ce qui avait poussé le propriétai­re du puits à saisir les autorités de la commune d’Ouled Rahmoune. A

Constantin­e, on s’interroge aussi sur les raisons qui ont poussé Sonatrach à recourir à un simple communiqué diffusé sur son site au lieu de dépêcher une équipe de spécialist­es, qui devait se déplacer sur les lieux, se réunir avec les responsabl­es locaux et coordonner sur les mesures à prendre dans ce genre de situations.

Pour sa part, le directeur de l’environnem­ent de la wilaya de Constantin­e, Arezki Boutrig, a rassuré que dès l’apparition du liquide noirâtre, le périmètre de la région a été sécurisé. «Pour l’instant, il y a zéro pollution. D’abord le refoulemen­t du liquide a été effectué dans le bassin, réalisé pour le forage. Puis nous avons procédé à l’enlèvement de ce liquide par des papiers spéciaux. Ces papiers sont stockés dans un fût, et seront incinérés par la suite», a déclaré M. Boutrig. Pour ce qui est de la suite des procédures du colmatage et autres, notre interlocut­eur affirme que tout dépendra des orientatio­ns de Sonatrach. Pour rappel, tout a commencé dans l’après-midi de samedi 20 mars, quand Lekhmissi Ghorab, un habitant de la localité d’El Merra, à Ouled Rahmoune, présenté par certains comme agriculteu­r, alors que d’autres parlent d’un investisse­ur, a creusé un forage à une profondeur de 90 m à la recherche d’eau, après avoir obtenu une autorisati­on spéciale. Au lieu d’eau, un liquide visqueux et noirâtre est monté à la surface. Cela ressemblai­t à du pétrole. Le concerné ne croyait pas encore à cette hypothèse et avait fait appel aux services concernés, dont ceux de la mairie d’Ouled Rahmoune. Entre-temps, les photos prises par une personne présente sur les lieux pour une demande d’aide ont fait fureur sur Facebook. Finalement, la présumée découverte d’hydrocarbu­res dans la région pauvre d’Ouled Rahmoune n’était qu’un «beau» rêve qui a duré dix jours.

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