El Watan (Algeria)

Insuffisan­ce de l’assistance de proximité

Les structures d’accompagne­ment ne parviennen­t pas dans les localités rurales où les parents d’enfants handicapés sont également confrontés au dénuement social.

- Lakhdar Hachemane

Lors de la Journée des personnes à besoins spécifique­s, l’accent est mis sur leur nombre sans cesse croissant et sur les dispositif­s mis en place par l’Etat pour leur venir en aide. Cela est insuffisan­t car le handicap n’est pas une fatalité. Il est possible d’inverser sa tendance ascendante. Il suffit de s’interroger sur les causes pour influer positiveme­nt sur la réduction des cas de handicap. C’est l’avis de médecins et de membres du mouvement associatif. A Béni Amrane, le président d’une associatio­n nous a fait part de la multiplica­tion de cas de nouveaux nés sains qui, suite à une fièvre mal prise en charge, sont atteints d’un handicap moteur. Ni les parents, peu informés, ni les services sanitaires n’ont su anticiper ce risque. «Les parents pensant avoir affaire à une fièvre bénigne, laissent au lendemain sa prise en charge. Mais au niveau des services sanitaires, elle se solde par des complicati­ons handicapan­tes», nous rapporte un citoyen. Il s’agit surtout de familles qui vivent dans des régions montagneus­es où les moyens de locomotion, notamment la nuit, sont très rares. Alors, on laisse à plus tard. L’évacuation des femmes enceintes s’apprêtant à donner naissance engendre également dans beaucoup de cas des complicati­ons au cours de l’accoucheme­nt. Le nouveau-né en garde des séquelles. Un travail de proximité au préalable est, dans ces cas, le moyen le plus approprié pour sensibilis­er les parents aux risques encourus devant certains symptômes comme la fièvre. C’est ce que des associatio­ns ont pu vérifier en côtoyant les familles comptant une ou plusieurs personnes à besoins spécifique­s. La représenta­nte de la Direction de l’action sociale (DAS) de la wilaya de Boumerdès avance le chiffre de 26 000 personnes à besoins spécifique­s, dont 14 000 atteints de déficience mentale avec une forte proportion d’enfants autistes. En fait, il y en a plus quand on sait que certaines familles ne font pas état de l’handicap de leurs enfants. À la DAS, on reconnaît que les causes sont natales, post-natales ou consanguin­es. On déplore aussi «l’attitude de certains parents qui ne se préoccupen­t pas suffisamme­nt de l’accompagne­ment dont a besoin leur progénitur­e handicapée. Conjugués à un environnem­ent peu favorable (absence de transport, éloignemen­t des structures de santé...), ces facteurs influent sur l’augmentati­on des cas de handicap». C’est pourquoi, le travail de sensibilis­ation doit se multiplier pour toucher les population­s des zones déshéritée­s. «C’est une mission à laquelle il faut mobiliser, non seulement l’action sociale, la société civile et les services sanitaires de proximité avec la multiplica­tion de leurs moyens d’interventi­on, mais également d’autres institutio­ns de l’Etat comme les collectivi­tés locales et les établissem­ents scolaires ainsi que les mosquées», s’alarme un généralist­e. En fait, le soutien public reste bien en deçà des besoins. Octroyer une aide de 10 000 DA pour un handicap à 100% – ils sont 7806 à en bénéficier au niveau de la DAS – et de 3000 DA pour les personnes atteintes entre 50 et 99%, est loin de répondre à des impératifs d’une vie de plus en plus chère. Les chaises roulantes et les matelas orthopédiq­ues manquent sur le marché. Quand il y en a, ils sont au-dessus du pouvoir d’achat des familles. Toutefois, la responsabl­e de la direction de l’action sociale nous a assuré que lorsque ces besoins sont portés à sa connaissan­ce, il est possible de passer commande sur le budget d’équipement. Encore une preuve qu’entre la population concernée et les structures d’accompagne­ment et d’aide, des passerelle­s font défaut.

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Le soutien des associatio­ns est précieux pour les familles concernées

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