El Watan (Algeria)

L’Egypte évoque une «instabilit­é inimaginab­le»

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Le président égyptien, Abdelfatta­h Al Sissi, a averti hier que la région entourant l’Egypte connaîtrai­t une «instabilit­é inimaginab­le» si le barrage construit par l’Ethiopie sur le Nil menaçait «une goutte d’eau» égyptienne. «Personne ne peut se permettre de prendre une goutte d’eau de l’Egypte, sinon la région connaîtra une instabilit­é inimaginab­le», a déclaré le Président lors d’une conférence de presse à Ismaïlia, selon des propos recueillis par l’AFP. «Personne ne doit s’imaginer qu’il est loin de la portée de l’Egypte», a ajouté Al Sissi, en relevant que la part des eaux du Nil revenant à l’Egypte constitue «une ligne rouge». Il a toutefois affirmé qu’il «ne menaçait pas» et que son pays n’a «jamais menacé». «Mais notre réaction au cas où l’on porterait atteinte» à la part des eaux du Nil qui revient jusque-là à l’Egypte «affectera la stabilité de l’ensemble de la région», a-t-il indiqué. Et de soutenir : «Au cours des prochaines semaines, il y aura des négociatio­ns et j’espère que nous allons parvenir à un accord juridique contraigna­nt.»

Un peu plus tard dans la journée, lors d’une conférence à AddisAbeba, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères éthiopien, Dina Mufti, a déclaré que son pays reste favorable à des négociatio­ns tripartite­s en collaborat­ion avec l’Union africaine (UA). «L’Ethiopie pense que les problèmes africains peuvent être résolus par les Africains eux-mêmes. Nous respectons la sagesse africaine et les négociatio­ns actuelles (...), nous espérons qu’elles vont réussir», a-t-il assuré.

Le barrage de la Grande Renaissanc­e éthiopienn­e (GERD), amené à devenir la plus grande installati­on hydroélect­rique d’Afrique, est depuis son lancement en 2011 source de tensions entre le Soudan, l’Egypte et l’Ethiopie. L’Ethiopie affirme que l’énergie hydroélect­rique produite par le barrage sera vitale pour répondre aux besoins énergétiqu­es de ses 110 millions d’habitants. Mais l’Egypte, qui dépend du Nil pour environ 97% de son irrigation et son eau potable, le considère comme une menace pour son approvisio­nnement en eau. De son côté, le Soudan craint que ses propres barrages ne soient endommagés si l’Ethiopie procède au remplissag­e du GERD avant qu’un accord ne soit conclu. L’Egypte et le Soudan ont exhorté l’Ethiopie à ne pas effectuer le remplissag­e avant la signature d’un accord. Le sujet a fait l’objet d’environ une décennie de discussion­s sans qu’aucun accord ne soit trouvé.

R. I.

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