Ces patients au quotidien plombé par un mal encore mystérieux
J'ai dû apprendre à vivre au ralenti» : depuis octobre, Amélie Lacourte, travailleuse sociale dans le nord de la France, vit avec la cohorte de fatigue et douleurs diverses du «Covid long», cette affection aux causes mal comprises et à la prise en charge complexe. Amélie a 33 ans. Contaminée en octobre mais reconnue «Covid long» seulement fin février, elle égrène ce qu'il lui est devenu impossible de faire : «Les courses, cuisiner des repas sophistiqués, le ménage, conduire, le jardinage, le sport...» Elle dit aussi chercher ses mots, les inverser, éprouver «des difficultés à lire un livre plus de 10-15 minutes». A Asnières, dans la proche banlieue de Paris, Fortunée traîne, elle, le boulet de la Covid depuis plus d'un an, après sa contamination mi-mars 2020. «Toute l'année, c'était vraiment ''Covid''. Je n'ai jamais eu toute une semaine de répit», confie cette juriste de 25 ans, asthmatique, qui a «l'impression d'avoir pris 70 ans». «Il y a une sensation qui est épouvantable, c'est celle du brouillard cérébral. On a vraiment l'impression d'être là sans être là, de ne pas pouvoir réfléchir», souffle la jeune femme. Selon les autorités françaises de santé, dès la fin de la première vague de l'épidémie, la persistance de symptômes a été constatée chez plus de 10% des patients plus de trois mois après le déclenchement de la maladie.
Au centre hospitalier Dron de Tourcoing (nord de la France), où Amélie Lacourte est venue consulter le Dr Olivier Robineau, tente de percer les mécanismes de ce mal polymorphe, pour lequel les autorités sanitaires ont émis mifévrier des recommandations de prise en charge. Le médecin coordonne l'étude française «Cocolate», lancée fin 2020, qui s'intéresse aux patients souffrant des symptômes les plus invalidants. «On dit toujours qu'il faut avoir un diagnostic pour avoir un traitement. Là, il n'y a pas de diagnostic, mais il faut être très pragmatique : les gens ont des plaintes, on utilise des traitements symptomatiques et de la rééducation», explique le médecin.