Qui a fait quoi ?
Même si la guerre d'indépendance est loin, les nominations à haut niveau se font encore sur cette base, ce qui n'est pas forcément une mauvaise chose, garanties d'honnêteté intellectuelle. Si la majeure partie de la population n'a pas connu la guerre, c'est encore un référent et mythe fondateur, y compris au sein du hirak qui n'hésite pas à afficher les portraits des «22» ouvertement revendiqués comme l'image de la posture du sacrifice et de la rupture pour une idée forte. Pourtant, Abdelmadjid Chikhi, gardien des archives et cerbère du passé depuis à peu près 20 ans, devenu de plus conseiller en avril 2020 de la Présidence Tebboune chargé de la mémoire et des archives, détient toujours la clé du temps et refuse de la prêter, au point où des historiens algériens se sont élevés contre sa bureaucratie qui empêche de jeter un oeil sur ce qui s'est fait. La Nouvelle Algérie doit-elle faire la jonction naturelle avec l'ancienne ? Evidemment, sauf que l'argument de Chikhi est qu'ouvrir les archives pour lancer la polémique sur celui qui a collaboré avec la France coloniale serait une mauvaise idée, le livrant ainsi à la vindicte populaire. Alors que justement, c'est une bonne chose dans le flou qui entoure les postes de responsabilité, où il serait bon de savoir qui a fait quoi dans ce domaine de la méritocratie où les décideurs sont ceux qui ont eu une digne attitude devant la colonisation, la pyramide des pouvoirs étant directement liée à la qualité de moudjahid. Tous les Présidents algériens sont d'ailleurs d'anciens moudjahidine, du moins officiellement, et ils ont tous en théorie participé à la bataille. Sauf le dernier, qui est le premier Président à ne pas avoir le titre de combattant, trop jeune pour avoir porté les armes. A ce titre, il devrait ouvrir les archives algériennes aux Algérien(ne)s. S'il ne le fait pas, on continuera à dire qu'il a reçu un appartement sans les clés et que la seule chose qu'il peut ouvrir c'est le Club des Pins et sa salle de bains.