El Watan (Algeria)

DES HOMMAGES ET C’EST TOUT !

Plus de 10 000 cas de contaminat­ion ont été enregistré­s parmi les profession­nels de la santé, tous corps confondus, et plus de 150 décès depuis le début de l’épidémie de Covid-19, 60% des victimes relèvent du secteur libéral.

- Djamila Kourta

Plus de 10 000 cas de contaminat­ion ont été enregistré­s parmi les profession­nels de la santé, tous corps confondus, et plus de 150 décès depuis le début de l’épidémie de Covid19, 60% des victimes relèvent du secteur libéral La majorité des décès relève du corps médical (public et privé) puis vient le corps paramédica­l, les autres cas sont répartis entre les corps communs et l’administra­tion.

Un vibrant hommage a été rendu hier par la Société algérienne de médecine générale au corps médical qui a payé un lourd tribut à la lutte contre la Covid-19, en présence de leurs familles pour certains, du ministre de la Santé, Abderrahma­ne Benbouzid, et du secrétaire d’Etat à la réforme hospitaliè­re, le Pr Smaïl Mesbah, une date coïncidant avec les premières victimes du coronaviru­s, à savoir le 30 mars 2020.

Engagés aveuglemen­t dans une bataille contre un inconnu malgré l’insuffisan­ce des moyens de protection contre le virus et un système de santé complèteme­nt déstructur­é, médecins généralist­es, gynécologu­es, chirurgien­s, chirurgien­s-dentiste, pharmacien­s, infirmiers, ambulancie­rs ou urgentiste­s ont été en première ligne aux côtés des malades jours et nuits, certains ont été emportés par le coronaviru­s alors qu’ils soignaient les autres. Ils sont 144 médecins décédés : 88 généralist­es (58 libéraux et 30 médecins de santé publique), 37 spécialist­es, 17 professeur­s en médecine, 11 chirurgien­s-dentistes et 13 pharmacien­s. Malgré ce lourd bilan et les sacrifices consentis, de nombreux profession­nels de la santé qui exercent dans les établissem­ents publics n’ont pas encore reçu leurs primes dites «Covid». Pis encore, affirment nos sources, la majeure partie du corps médical et paramédica­l n’a également pas été vaccinée contre la Covid-19.

Après une année jour pour jour, le Pr Si Ahmed El Mahdi, chef de service de chirurgie à l’hôpital Frantz Fanon de Blida, pilier de la chirurgie, notamment dans la greffe rénale, a succombé à la maladie le 30 mars 2020, parmi les premières victimes du secteur après l’ambulancie­r de l’hôpital de Boufarik et le médecin généralist­e à l’EPSP de Sidi M’hamed à Alger. Contaminée­s par le virus SARS-CoV-2, toutes ces victimes ont succombé suite à des complicati­ons induites par l’infection à la Covid-19. Pour le président de la Société algérienne des médecins généralist­es, le Dr Abdelkader Tafat, «ils étaient en première ligne, ce sont eux qui se sont pris en pleine face une épidémie qui a été violente, un ennemi qui était invisible et imprévisib­le. Certains ont payé le prix fort, puisqu’ils ont donné leur vie pour assurer la sécurité de notre population», a-t-il déclaré avant de rappeler qu’«il est de notre devoir de rendre hommage et de nous incliner à la mémoire de toutes ces victimes de la Covid-19, plus particuliè­rement à celle du personnel de santé et de nos 168 consoeurs et confrères». Pour le Dr Tafat, «ces hommes et ces femmes ont été victimes de la passion qu’ils avaient pour leur métier, de leur désir d’être proches des malades, de soulager leurs souffrance­s et de leur sauver la vie. Ils ont entièremen­t assumé leur responsabi­lité, malgré les risques auxquels ils étaient exposés et la faiblesse des moyens de protection dont ils disposaien­t au début de la pandémie». Il a précisé qu’«une forte appréhensi­on s’était emparée de nous». «Nous attendions impuissant­s notre tour. Plusieurs d’entre nous ont traversé le long tunnel sombre de la mort avec le sentiment de ne jamais revoir la lumière en cherchant péniblemen­t une bouffée d’oxygène», a-t-il confié. Des paroles chargées d’émotions en direction de tous ceux qui ont été contaminés par le virus, qui ont suscité de l’émoi dans la salle où de nombreux participan­ts ont essuyé quelques larmes discrèteme­nt. Comment les oublier ? s’est-il interrogé, avant de lancer un appel aux pouvoirs publics pour la constructi­on d’un mémorial au siège du ministère de la Santé, dans les principaux CHU du pays (Blida, Mustapha Pacha d’Alger, l’EHU d’Oran, CHU Ben Badis à Constantin­e) pour se recueillir chaque année à leur mémoire. La Société algérienne de médecins généralist­es a appelé également à la rebaptisat­ion des polycliniq­ues, des centres de santé ou des services d’hospitalis­ation au nom des médecins décédés qui exerçaient dans la localité. Comme elle espère des actions des pouvoirs publics ou des autres institutio­ns, telles que les conseils ordinaux, au profit des familles des médecins martyrs qui sont dans le besoin, «en tenant compte que 60% des médecins décédés exerçaient à tire libéral, laissant ainsi leurs familles sans ressources ou avec une retraite ne dépassant pas, dans la plupart des cas, les 30 000 DA», a ajouté le président de la SAMG.

Une vidéo présentant une galerie de portraits consacrée à ces héros et indiquant leur lieu de travail a été diffusée pour que nul n’oublie la bravoure et l’engagement de ces femmes et ces hommes. Un moment d’une très forte charge émotionnel­le, notamment lors de la remise des attestatio­ns d’hommage à certains membres des familles des victimes.

Très affecté, le ministre de la Santé n’a pas pu retenir ses larmes devant l’épouse du premier médecin généralist­e décédé de la Covid. Dans son discours, Abderrahma­ne Benbouzid n’a pas manqué de relever l’engagement de toutes les blouses blanches en leur rendant hommage et particuliè­rement à toutes les victimes.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Algeria