El Watan (Algeria)

Les critiques du départemen­t d’Etat américain

l Le rapport fait état du non-respect des libertés de réunion et d’associatio­n, le refoulemen­t de réfugiés vers des pays où leurs vies pourraient être mises en danger.

- Nabila Amir

Le rapport, qui concerne l’année 2020, cite la détention arbitraire de prisonnier­s politiques, le manque d’indépendan­ce et d’impartiali­té judiciaire­s, l’ingérence illégale dans la vie privée, les graves restrictio­ns à la liberté d’expression et de la presse en Algérie.

Dans son rapport annuel, publié ce mardi, sur la situation des droits de l’homme dans le monde, couvrant la période allant du 1er janvier au 31 décembre 2020, le départemen­t d’Etat américain note des violations des droits de l’homme commises par l’Etat algérien. Le rapport cite ainsi la détention arbitraire de prisonnier­s politiques, le manque d’indépendan­ce et d’impartiali­té judiciaire­s, l’ingérence illégale dans la vie privée, les graves restrictio­ns à la liberté d’expression et de la presse, y compris à travers des lois pénales sur la diffamatio­n, les arrestatio­ns de journalist­es et le blocage de sites d’informatio­n.

Le rapport fait état du non-respect des libertés de réunion et d’associatio­n, le refoulemen­t de réfugiés vers des pays où leurs vies pourraient être mises en danger, l’absence d’enquête pour définir les responsabi­lités dans des dossiers liés à la violence à l’égard des femmes, la «traite des personnes», la criminalis­ation des relations sexuelles consenties entre des personnes du même sexe ainsi que des restrictio­ns importante­s à la liberté syndicale des travailleu­rs et le travail des enfants. Allant dans le détail le rapport explique que le gouverneme­nt algérien a pris des mesures pour «enquêter, poursuivre ou punir les fonctionna­ires qui ont commis des violations, en particulie­r la corruption, alors que l’impunité de la police et des agents de sécurité demeurait un problème. Le gouverneme­nt a fourni des informatio­ns sur les mesures prises contre les responsabl­es accusés d’actes répréhensi­bles», indique le rapport, qui note dans le chapitre portant sur les conditions d’incarcérat­ion les abus psychologi­ques et physiques signalés dans les centres de détention «Les avocats et militants des droits de l’homme se sont déclarés préoccupés par la gestion de la Covid-19 dans les prisons.»

L’usage excessif du mandat de dépôt par la justice algérienne est soulevé dans le rapport, qui précise que «les lois interdisen­t les arrestatio­ns et détentions arbitraire­s. Mais le recours abusif à la détention provisoire a coïncidé avec le début du mouvement de protestati­on populaire en février 2019».

La diplomatie américaine parle d’un acharnemen­t contre les manifestan­ts. «Les forces de sécurité ont arrêté régulièrem­ent des personnes qui participai­ent à des manifestat­ions non autorisées. Les personnes arrêtées ont déclaré que les autorités les avaient détenues pendant quatre à huit heures avant de les relâcher sans inculpatio­n», précise dans ce cadre le rapport, qui rappelle que bien que la loi interdise les arrestatio­ns et détentions arbitraire­s, les autorités ont utilisé des subterfuge­s tels que l’«incitation à attroupeme­nt non armé» et «outrage à corps constitué» pour arrêter et détenir des personnes les accusant de troubler l’ordre public ou critiquant le gouverneme­nt. Le départemen­t d’Etat a également souligné dans son rapport la situation des détenus et prisonnier­s politiques en Algérie. Il cite le CNLD, qui donne le nombre de «61 prisonnier­s politiques associés au hirak qui étaient détenus par les autorités, parmi eux des journalist­es, des militants, des avocats, des personnali­tés de l’opposition et des manifestan­ts du hirak», indique le rapport, qui évoque, par ailleurs, l’emprisonne­ment de Louisa Hanoune, les déboires vécues par feu Lakhdar Bouregaa, l’incarcérat­ion du général Ali Ghediri, Rachid Nekkaz et Karim Tabbou ainsi que les poursuites dont ont fait l’objet Amira Bouraoui, Slimane Hamitouche et Samir Benlarbi. Le rapport du départemen­t d’Etat américain consacre également un chapitre aux violations des libertés d’expression, dont la liberté de la presse. Il évoque dans ce contexte les arrestatio­ns et emprisonne­ments du journalist­e Khaled Drareni, du «poète du hirak» Mohamed Tadjadit ou encore de l’activiste Issam Sayeh ainsi que de Walid Kechida.

 ??  ?? La diplomatie américaine parle d’un acharnemen­t contre les manifestan­ts
La diplomatie américaine parle d’un acharnemen­t contre les manifestan­ts

Newspapers in French

Newspapers from Algeria