El Watan (Algeria)

Le journalist­e El Kadi Ihsane relâché

- Madjid Makedhi

C’est une dérive de trop !», tonnent les avocats. Le journalist­e et directeur d’Interface Média-Maghreb Emergent, El Kadi Ihsane, a passé la journée d’hier entre la brigade de la gendarmeri­e de Bab J›did d’Alger et le tribunal de Sidi M’hamed. Convoqué mardi soir, il s’est présenté, hier matin, à la gendarmeri­e qui l’a auditionné plusieurs heures durant pour... un article de presse. Vers 14h, El Kadi Ihsane a été transféré au tribunal pour être présenté devant le représenta­nt du parquet qui lui a finalement demandé de repartir. Selon Me Saïd Zahi, «le procureur de la République lui a demandé de partir et qu’il sera convoqué une autre fois». «Nous revenons à une période que l’on croyait révolue. Ce sont les mêmes pratiques des forces anticonsti­tutionnell­es qui sont reconduite­s. Nous ne savons pas qui recourt à ce genre de pratiques, dénoncées par des millions d’Algériens dans le cadre du hirak. Ce n’est pas avec ce genre de procédé qu’on va avancer», dénonce-t-il, à sa sortie du tribunal en compagnie du journalist­e et d’avocats. Pour Me Saïd Zahi, «ces pratiques sont une forme de pression sur la presse et les journalist­es». «La nouvelle Constituti­on qui vient d’être promulguée consacre la liberté. Mais ces responsabl­es sont en train de la piétiner. J’appelle les magistrats et les avocats à juger tous ceux qui violent la Constituti­on», lance-t-il.

AUDITION POUR UN ARTICLE DE PRESSE

Selon l’avocate Me Nabila Smail, toutes les questions posées au journalist­e concernent un article de presse (un article sur le hirak et Rachad, ndlr). Qualifiant cette affaire de «dérive de trop», elle affirme que les tenants du pouvoir «veulent bâillonner toutes les voix libres dans ce pays». «Le travail du journalist­e ne doit pas faire l’objet de poursuites judiciaire­s. Convoquer un journalist­e par les services de la gendarmeri­e pour l’auditionne­r sur son travail de journalist­e, puis le présenter devant la justice et le procureur de la République qui le relâche sans poursuites est très grave. Où sont les procédures ? Où sont les droits de l’homme et la dignité humaine ?», interroge-t-elle. Affirmant que dans cette affaire il y a un représenta­nt du ministère de la Communicat­ion, l’avocate dénonce un «abus du pouvoir». «C’est une pratique d’une personne qui est dans le gouverneme­nt et qui utilise son poste contre la presse. El Kadi Ihsane a le droit de porter plainte contre ceux qui l’ont convoqué, y compris le ministre de la Communicat­ion», déclare-t-elle.

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