Le Cluster Energie Solaire appelle à l’intervention du président de la République
Pour Boukhalfa Yaïci, «les choix politiques qui ont été faits, en misant sur l’utilisation du cycle combiné pour la production de l’énergie électrique, à partir du gaz naturel avec l’installation de 1500 à 1800 mégawatts par an, ont influé négativement sur la promotion de l’énergie renouvelable en Algérie».
Le directeur général du Cluster Energie Solaire a plaidé, hier, pour l’implication des acteurs privés dans le programme des énergies renouvelables annoncé par le gouvernement, estimant par la même occasion que Sonelgaz ne devrait pas être partie prenante de ce programme. Il en appellera aussi à l’intervention du chef de l’Etat afin de clarifier la mise en oeuvre du programme dédié aux ENR et faciliter la participation des industriels privés.
Boukhalfa Yaïci, qui s’exprimait hier dans le cadre de l’émission «L’Invité de la rédaction» de la Chaîne 3 de la Radio algérienne, a mis en relief, par ailleurs, le retard mis dans la transition énergétique, en dépit de tous les programmes annoncés depuis 2011 et régulièrement réactualisés. Il regrettera aussi la priorité accordée au développement des cycles combinés (gaz-solaire) menés par Sonelgaz.
«Par rapport aux projections faites en matières d’énergies renouvelables, nous sommes très en retard. Les chiffres annoncés tablaient sur une capacité de 2600 à 4500 mégawatts pour 2020, or nous en sommes à peine à 400 mégawatts. Le retard est évident et important comparativement à ce qui a été fait durant cette même période à l’échelle internationale, et plus particulièrement au Maghreb, en Afrique et dans la région MENA» déclare le directeur général de Cluster Energie Solaire. Il regrettera aussi le déficit en matière d’ENR en Algérie, comparativement aux capacités installées depuis 2011 en matière de cycle combiné gaz-solaire. «Nous sommes passés de 11 000 mégawatts à 22 mégawatts en 2021, ce qui veut dire que pendant toutes ces années, nous n’avons pas fait grand-chose dans le domaine du solaire.»
Pour Boukhalfa Yaïci, «les choix politiques qui ont été faits, en misant sur l’utilisation du cycle combiné pour la production de l’énergie électrique à partir du gaz naturel, avec l’installation de 1500 à 1800 mégawatts par an, ont influé négativement sur la promotion de l’énergie renouvelable en Algérie» . Il regrettera le fait que cette option soit toujours d’actualité, ce qui conduit à consommer davantage de gaz naturel, alors que les énergies renouvelables sont mises de côté. «J’ai l’impression que cela ne risque pas de changer dans les prochaines années. Nous allons vers l’ajout de 3600 à 3800 mégawatts de capacité cette année, juste pour faire face au pic de l’été, alors que ce pic est attendu autour de 17 600 mégawatts. Nous allons donc nous retrouver avec une surcapacité installée de 23 000 mégawatts et cela ne manquera pas de générer une surconsommation, avec une incidence sur le coût de production de l’énergie électrique», insiste le directeur général du Cluster Energie Solaire.
Boukhalfa Yaïci constatera aussi que dans le programme de Sonegaz pour 2035, «très peu de place a été laissée aux énergies renouvelables, alors que Sonelgaz a bénéficié de financements publics qui vont être utilisés pour l’installation de milliers de mégawatts à partir de cycle combiné». Il estimera à ce propos qu’une surcapacité va s’installer «de manière durable», souhaitant l’arrêt du déploiement de Sonelgaz en matière de cycle combiné, pour laisser la place aux énergies renouvelables, et il en appellera à l’intervention du président de la République.
«Il y a plus d’un an, on a commencé à parler de zones d’ombre et on a eu espoir que cela allait se faire à l’aide de l’énergie solaire, on a vu au contraire Sonelgaz étendre son emprise sur le pays en matière de fourniture d’énergie. Face à cette situation, nous prévoyons une rencontre la semaine prochaine avec les membres du Cluster, pour voir dans quelle mesure on peut devenir, en tant qu’industriels, acteurs du programme des ENR.» Le directeur général de Cluster Energie Solaire estimera, en outre, qu’en plus de l’ouverture de la production aux privés, «certains actifs de la société devraient leur être vendus». Boukhalfa Yaïci évoquera, par ailleurs, la suppression du CKD, à savoir l’importation de kits pour le montage de panneaux solaires, ce qui a nui, selon lui, aux industriels. Il ajoutera qu’un décret a été publié par le ministère de l’Industrie sans consultation préalable des professionnels du secteur, jugeant «excessifs les objectifs d’intégration prévus par ce décret». Boukhalfa Yaïci pointera aussi du doigt le manque de professionnels capables de réaliser la transition énergétique à travers les programmes annoncés, mais aussi l’absence de réglementation permettant d’assurer le transport de l’énergie d’origine renouvelable à travers le réseau électrique classique.