Echec d’une tentative de coup d’Etat au Niger
Indépendant depuis 1960, le Niger a connu plusieurs putschs. Le premier en avril 1974 a renversé le président Diori Hamani Ce putsch a été dirigé par le lieutenant-colonel Seyni Kountché.
Une «tentative de coup d’Etat» militaire a eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi au Niger, rapporte l’AFP citant des sources proches du pouvoir. Une source sécuritaire a déclaré qu’il y a eu «des arrestations parmi les quelques éléments de l’armée qui sont à l’origine de cette tentative de coup d’Etat». Elle a ajouté que la situation est «sous contrôle». Une source proche du nouveau président Mohamed Bazoum a confirmé qu’il y a eu une «petite tentative de coup d’Etat vite maîtrisée par les forces légitimistes». Un peu plus tard dans la journée, le gouvernement nigérien a affirmé dans un communiqué avoir «déjoué» «une tentative de coup d’Etat» visant à «mettre en péril la démocratie». Il a soutenu que «d’ores et déjà plusieurs personnes en lien avec cette tentative de coup d’Etat sont interpellées et d’autres activement recherchées», assurant que «la situation est totalement sous contrôle».
Cette «tentative» de putsch est intervenue avant l’investiture, prévue demain à Niamey, du nouveau président élu Mohamed Bazoum, très proche du chef de l’Etat sortant, Mahamadou
Issoufou. Son rival, l’ex-président Mahamane Ousmane, a contesté les résultats du scrutin et revendiqué la victoire, appelant à «des manifestations pacifiques» dans tout le pays. Celle prévue hier à Niamey a été interdite.
Mohamed Bazoum sera confronté au défi sécuritaire. Le pays fait face à des attaques djihadistes menées régulièrement dans son pays par des groupes affiliés à Al Qaîda et au groupe Etat islamique (EI) dans sa partie ouest, frontalière du Mali et du Burkina Faso, par le groupe nigérian Boko Haram dans sa partie est, frontalière du Nigeria. Les attaques contre des civils se sont multipliées depuis le début de l’année : plus de 300 personnes ont été tuées dans trois séries d’attaques contre des villages et des campements de l’ouest du pays, frontalier du Mali. La dernière de ces opérations a eu lieu le 21 mars dans la région de Tahoua, faisant 141 morts dans trois villages touareg et des campements alentour. Région qui se situe à l’est de celle de Tillabéri, toutes deux proches de la frontière avec le Mali.
Dans une interview sur France 24/RFI, le nouveau Président a qualifié lundi d’«échec relatif» la lutte antidjihadiste dans son pays, appelant la force française «Barkhane» à conserver son aide au niveau aérien, même en cas de retrait partiel. «Nous aurions souhaité, dans le cadre de la coopération avec l’armée française, avoir de meilleurs résultats que nous n’en avons. Cet échec relatif, c’est notre échec à tous, l’échec de l’ensemble de la coalition», a-t-il déclaré. Sur un possible retrait partiel de la force «Barkhane», il a assuré qu’il ne ressentirait «pas cela comme un abandon de la part des Français». A son avis, «un retrait partiel de la France, dans la mesure où elle maintiendrait le dispositif aérien, n’aura pas de grand effet sur le cours de la situation et sur le rapport de force». Par ailleurs, il a exclu tout dialogue avec les djihadistes, estimant que la situation de son pays est différente de celle du Mali. «Nous ne pourrions pas envisager quelque dialogue que ce soit dans la mesure où il n’y a pas un seul chef djihadiste nigérien, une seule base de djihadistes sur notre territoire», a-t-il observé. Ancienne colonie française située en Afrique de l’Ouest, le Niger, qui a proclamé son indépendant en 1960, a connu plusieurs putschs. Le premier en avril 1974 a renversé le président Diori Hamani. Il a été dirigé par le lieutenant-colonel Seyni Kountché. Il a suspendu la Constitution et les partis, dissous l’Assemblée nationale, mis en place un Conseil militaire suprême (CMS) et s’est attribué pour une durée indéterminée les pouvoirs exécutif et législatif. La découverte de «complots» lui a permis d’éliminer des coauteurs du coup d’Etat. Il meurt au pouvoir en 1987. En 1996, Ibrahim Maïnassara prend le pouvoir à la tête d’une junte, puis est élu en juillet lors d’un scrutin contesté par l’opposition. En avril 1999, nouveau coup d’Etat marqué par l’assassinat de Maïnassara. Le dernier coup d’Etat a été fomenté en février 2010. Il a renversé le président Mahamadou Tandja.