Un septième corps de harrag rejeté par la mer
Des éléments des garde-côtes ont découvert jeudi un autre corps en décomposition avancée sur la plage de Bou Trebicha, sur le littoral de la commune d’Om Teboul, à 10 km à l’est de la ville d’El Kala. Une plage accessible seulement par mer ou par une piste sableuse à partir d’Om Teboul. Le corps a été transféré à la morgue de l’hôpital d’El Kala par les agents de la Protection civile, a annoncé la cellule de communication de ce corps.
Le 21 mars, c’est un corps désarticulé et décomposé en grande partie qui a été retiré des blocs de la digue d’El Kala où la mer l’avait encastré. Le 26 février, un premier cadavre méconnaissable avait été découvert au même endroit et 10 jours plus tôt, le 16 février, des pêcheurs ont donné l’alerte sur la présence d’un corps humain démembré sur la plage de Mehraf Laktoum de Berrihane (Lac des Oiseaux). En décembre 2020, après une tempête, trois corps en décomposition avancée ont été retrouvés sur le littoral d’El Tarf en moins d’une semaine.
Les services de sécurité ont fait des prélèvements d’ADN pour les comparer avec ceux des personnes ayant déclaré la disparition d’un proche. Une procédure très longue et qui ne donne pas toujours les résultats escomptés. Pour beaucoup, il ne fait aucun doute que ces corps en décomposition avancée, parce qu’ils ont longtemps séjourné en mer, et qui portent des marques de morsures, sont ceux de harraga victimes de naufrages. Ces cadavres, qui échouent régulièrement sur les plages à moitié dévorés par les animaux marins, sont les restes macabres des drames sans photos ni vidéos qui se sont déroulés loin des yeux. Ceux des naufrages de frêles esquifs, surchargés de désespérés, lancés dans l’immensité de l’impitoyable désert liquide. Les harraga, dont on parle, sont ceux qui surviennent miraculeusement, filmés, qui arrivent sains et saufs à destination ou arraisonnés par les gardes-côtes et les humanitaires. Tous les autres, parfois des femmes et des enfants, effroyablement engloutis par les flots, disparaissent pour toujours. Et seuls quelques cadavres mutilés retrouvés par hasard sur la côte nous rappellent qui ils ont été. Leur seconde mort, c’est de ne pas connaître leur nombre exact, il n’y a que des estimations.