A qui profite le marché noir ?
Le commerce des boissons alcoolisées a été frappé, lui aussi, par les restrictions dues à la Covid-19, et l’ensemble des établissements ont dû fermer sur décision du gouvernement depuis l’éclatement de la crise sanitaire en mars 2020. La persistance de la pandémie et les injonctions de fermeture ont engendré des situations de non-droit et poussé à la création de réseaux de commercialisation illicites. Au moment où l’Association des producteurs algériens de boissons (APAB) mobilisait ses adhérents pour obtenir des autorisations de reprises d’activité en parallèle avec l’évolution de la situation sanitaire, des niches de marché noir voyaient le jour dans certaines villes.
C’est le cas à Constantine où les autorités locales refusent d’autoriser la réouverture de ces établissements.
Pourtant, en février dernier, le gouvernement avait décidé de nouvelles mesures, notamment la levée de la limitation des activités des cafés, des restaurants et des fast-foods, et laissé la décision concernant ces établissements à l’appréciation des walis. Plusieurs wilayas ont observé un retour à la normale concernant ce commerce. En revanche et en dépit d’une amélioration sensible de la situation sanitaire due à la Covid-19, plusieurs autres walis, notamment dans les wilayas de l’intérieur du pays, refusent de lever l’interdiction. A l’instar de nombreuses wilayas, Constantine a retrouvé une vie normale. Les mosquées comme les grands espaces commerciaux, lieux de rassemblement des foules, ont repris leur activité depuis plusieurs mois. Les lieux de consommation et de vente de boissons alcoolisées demeurent en revanche sous l’interdiction.
Mais seuls les consommateurs se plaignent des deux poids deux mesures. Si le motif sanitaire ne peut plus être invoqué, s’agit-il alors de non-dit idéologique qui pousserait le wali et le conseil de sécurité de la wilaya à maintenir l’interdiction en violation des libertés ? Cette explication est peu convaincante, car malgré l’interdiction officielle, les plus connus parmi ces vendeurs sont ouverts et écoulent leur marchandise au vu et au su de tout le monde. La seule différence est que les prix ont doublé. L’occasion fait le larron. Quelques mois seulement après le début de la pandémie, un établissement connu à la sortie sud d’El Khroub a repris son activité à la lumière du jour. D’autres ont suivi avec plus ou moins des formes de clandestinité. Le marché noir fleurit et fait l’affaire de ces commerçants indélicats qui, du coup, gagnent au change : moins de charges et plus de bénéfices. Mais peuvent-ils vraiment agir impunément sans la couverture assurée par quelques responsables puissants ?