El Watan (Algeria)

«J’évoque la lutte de pouvoir des janissaire­s et les corsaires, les captifs qui n’étaient pas des esclaves »

- K. S.

Votre nouveau roman Prodigieus­e fortune paru chez Casbah Editions diffère-til des autres ?

Ce livre, Prodigieus­e fortune, n’est pas tout à fait différent des autres puisque c’est la suite. Il commence quand celuilà s’achève. C’est la même époque. C’est toujours, le XVIe siècle à Alger. Et là, c’est une période très restreinte. Cela s’est passé quasiment en six moi. Une conjonctio­n d’événements eut lieu qu’on ne connaît pas. Finalement, c’est cela qui m’amuse. Il s’agit de les retrouver et en faire une histoire. C’est ça que je trouve drôle… En tout cas, c’est la suite dans le temps, exactement…

A propos du genre littéraire auquel vous vous adonnez, est-il du roman historique, de la fiction historique et historique­ment romancée ?

Voilà, ce que je voulais faire, c’était d’être complète dans mon approche. C’était de montrer la vie à Alger à cette époque-là. Ce n’est pas très facile à trouver. Parce qu’il n’y a pas beaucoup de chroniques, de lettres… C’était difficile de se documenter. Je voulais montrer aussi l’opération de rachat des captifs, cela était très important. Ils n’étaient pas des esclaves. C’étaient des prisonnier­s. Et on les libérait contre des rançons. C’étaient des otages. Cela existe encore, actuelleme­nt. J’évoque la lutte entre les janissaire­s, les corsaires et les raïs. Et il y avait une épidémie de peste, à ce moment-là, dans le pays. Donc, je devais retracer cela, historique­ment, sans que ça soit rébarbatif, quoi. Pas embêtant à lire.

Avec une intrigue politico-policière…

Alors, j’ai trouvé une intrigue qui est vraie datant de l’époque et qui est, d’ailleurs, dans La nuit du corsaire. Où Charles Quint était venu assiéger Alger, se soldant par un échec cuisant, une défaite aggravée par un facteur naturel, une tempête. Et il s’est passé des choses… Mais je ne vais pas tout dévoiler (rire)… Je voulais montrer, en fait, des gérants de la société, les changeurs, les filles publiques, c’est très important. On n’en parle jamais. Mais elles existaient. Et elles n’étaient pas du tout ce qu’on croyait. Tout comme les bagnes qui n’étaient pas du tout ce qu’on raconte.

Plus «humanisés»…

Oui. C’était beaucoup plus humain… Donc, j’ai romancé l’histoire avec plusieurs personnage­s. Mon fil conducteur, c’est le «mezzouar», qui était à cette époque-là, l’officier de police qui inspecte, «fouine» et fait du «renseignem­ent», il va partout… Il a accès à tous les milieux. Mais avec un concours de circonstan­ce, on a pris un peu sa place… Il faut le lire (rire)...

Ces captifs étrangers ont écrit sur leur expérience «carcérale»…

Les actants, comme ce «mezzouar» écrivent à leurs supérieurs. Ils rédigent des rapports quotidiens. Il existe des correspond­ances (épistolair­es) ainsi que le récit des captifs libérés. Comme celui de D’Aranda (Emmanuel), un otage espagnol des Flandres. Il fut capturé le 22 août 1640 par les corsaires turcs, libéré après deux ans de détention. Il relatera sa captivité dans un livre permettant de comprendre les circonstan­ces de sa détention. Ces captifs ont écrit énormément. Ne serait-ce que Cervantes. Il a tout raconté à propos de sa captivité à Alger. Dans Don Quichotte notamment. Cela l’a marqué. Et puis, ces captifs étaient des étrangers. Ils n’entraient pas dans les foyers. Moi, ce qui m’intéressai­t, c’était de savoir comment vivait-on en famille à l’époque, à El Djazaïr.

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Mme Corinne Chevallier(au centre) lors de sa vente-dédicace à la librairie du Tiers-Monde, à Alger

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