Une journaliste ukrainienne fait condamner son pays
Elle vient de remporter un bras de fer contre l’Etat ukrainien, qui pourrait prendre la forme d’une petite victoire pour le journalisme en Europe centrale et orientale.
Natalia Sedletska est une journaliste d’investigation de renom à Kiev, et elle a réussi à faire condamner les autorités de son pays par la Cour européenne des droits de l’homme à Strasbourg.
En 2018, la justice ukrainienne, obéissant au gouvernement, a tenté de mettre la main sur les données de son téléphone mobile, c’est-à-dire de s’emparer de ses sources.
En 2018, Iouri Loutsenko, le procureur général d’Ukraine, un allié du président d’alors Petro Porochenko, fait intervenir un tribunal pour accéder à un an et demi de données du téléphone mobile de deux journalistes de renom. Parmi elles, Natalia Sedletska, la rédactrice en chef de Schémas, une équipe de journalistes d’investigation fondée au sein du groupe Radio Free Europe, qui réalise des enquêtes de fonds sur les scandales financiers touchant le pouvoir. Le gouvernement cherche alors à s’emparer des communications entre les journalistes et le Bureau national anti-corruption, le NABU, ce petit FBI ukrainien indépendant. Après deux ans de procédure, la Cour européenne des droits de l’homme a jugé que les actions des autorités ukrainiennes constituaient une menace de divulgation des sources de Natalia Sedletska, violant l’article 10 de la Convention pour la protection des droits de l’homme.