El Watan (Algeria)

Deuil, consternat­ion et interrogat­ions

- K. Medjdoub

Les huit victimes de l'accident mortel survenu dans la matinée du mercredi 31 mars au centre pénitentia­ire de Oued Ghir ont été enterrées dans la douleur et la consternat­ion.

Les images parvenant de quelques-unes des obsèques montrent une grande foule qui a accompagné chacun des défunts à sa dernière demeure, comme au village de Tizekht, à Beni Maouche, au sud de la wilaya de Béjaïa.

Les At Maouche ont enterré, jeudi, Farid Harir, l'un des gardiens du pénitencie­r qui ont payé de leur vie la tentative de sauver le détenu et leurs collègues qui ont été pris au piège dans une fosse septique.

Farid Harir, père de famille de 42 ans, est le plus âgé des huit victimes, dont certaines sont célibatair­es. Il a laissé une veuve, trois orphelins et des proches accablés par une double perte, puisque 12 jours avant le drame de Oued Ghir, ils ont enterré le père du jeune Farid.

Pas très loin de Beni Maouche, Bouhamza a enterré Boukhezar Allaoua dans le même climat de consternat­ion et de deuil.

Même atmosphère sur la côte est de la wilaya d'où sont originaire­s deux des gardiens emportés par les gaz toxiques de la fosse, tous deux trentenair­es : le sergent Bilal Ouali de Kherrata et Khaled Hassan, enfant du quartier Saadane à Darguina. Le sergent Bilal Ouali est le plus gradé des victimes, diplômé de l'INPS. «Bilal était un type sérieux, intellectu­el et surtout un brave garçon. Malgré sa formation de qualité, il n’a pas pu décrocher un travail qui convient à ses compétence­s, il a dû s’orienter vers une formation de surveillan­t de prison», témoigne un ami du défunt. Parmi les victimes figurent Kaat Zouhir, de Tizi n Béchar, relevant de la wilaya de Sétif, Nacer Chafik, de la commune d'El Amir, dans la wilaya de Jijel et Bounehak El Miloud, tous des gardiens de la prison qui sont intervenus courageuse­ment après que la fosse ait fait sa première victime en la personne d'un jeune prisonnier dont on parle peu. Il s'agit de Mohamed Bendjenahi, dit Moh, de Tidjellabi­ne, dans la wilaya de Boumerdès, qui a purgé la majorité de sa peine de dix ans de réclusion. Certains témoignage­s affirment qu'il était à cinq mois de sa libération.

En attendant les résultats de l'enquête préliminai­re ordonnée par le parquet général près la cour de Béjaïa, beaucoup d'interrogat­ions demeurent concernant les circonstan­ces exactes du tragique accident et les conditions d'interventi­on du détenu et des gardiens pour le nettoyage de la fosse. Nous y reviendron­s.

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Les obsèques de Farid Harir, un moment très émouvant

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