El Watan (Algeria)

Le Parti des travailleu­rs victime d’un mouvement de redresseme­nt

● Louisa Hanoune, qui avait déjà alerté sur une volonté de putsch contre son parti, a qualifié hier cette action de «criminelle».

- Amel B.

Branle-bas de combat au Parti des travailleu­rs (PT). Des militants et anciens cadres exclus du PT se sont réunis hier à l’hôtel Mazafran et ont voté une motion de retrait de confiance à la secrétaire générale du parti, Louisa Hanoune. Un secrétaire général par intérim a été élu par le groupe de dissidents. Louisa Hanoune, qui avait déjà alerté sur une volonté de putsch contre son parti, a qualifié hier cette action de «criminelle», soulignant que la majorité des dissidents ne sont plus au PT depuis plusieurs années, tandis que d’autres n’ont jamais adhéré au parti.

«Après avoir eu des informatio­ns sur l’opération qui se préparait, j’ai alerté l’opinion publique et les parties concernées des institutio­ns de l’Etat sur cette action criminelle à l’encontre du Parti des travailleu­rs de la part de personnes étrangères au parti», a expliqué hier la secrétaire générale du parti, Louisa Hanoune, lors d’un point de presse. Elle a souligné : «J’ai envoyé une lettre officielle au wali d’Alger, expliquant que conforméme­nt aux décisions du ministère de l’Intérieur qui a validé les travaux du comité central en janvier dernier, la seule personne habilitée à demander l’organisati­on d’une réunion au nom du Parti des travailleu­rs est son secrétaire général, moi en l’occurrence.»

Les dirigeants du PT ont ainsi appris jeudi à 14h que les dissidents avaient obtenu l’autorisati­on de tenir «une réunion publique sans objet» à l’hôtel Mazafran. «Nous avons été étonnés de savoir qu’ils avaient retiré du tribunal de Koléa une autorisati­on pour la présence d’un huissier de justice pour participer à la réunion», souligne Mme Hanoune, sachant que seuls les congrès de création d’un parti, d’un syndicat, d’une associatio­n ou un organisme agréé requièrent la présence d’un huissier pour veiller à ce que tout se déroule selon la loi et que le quorum est atteint. Hier matin, les soupçons de la secrétaire générale du PT se sont confirmés. «Nous avons ainsi vu un ramassis de personnes qui se sont réunies et ont voté comme si elles avaient la légitimité d’un organisme tenant son congrès pour prendre des décisions afin d’éloigner la secrétaire générale», relate Mme Hanoune, précisant qu’elle dispose de preuves que les participan­ts à la réunion du Mazafran ont eu recours au «faux et usage de faux». Elle estime, dans ce cadre, que le sigle du parti a été utilisé de manière illégale et précise que la liste des membres du bureau politique et celle comité central du PT ont été validées par le ministère de l’Intérieur. Ces deux entités sont les seules habilitées à organiser une réunion ou à utiliser le sceau du parti.

Louisa Hanoune souligne que les personnes ayant participé à la réunion de Mazafran n’ont aucune relation avec le parti, ni de près ni de loin. «Ces gens-là ne font partie ni du bureau ni de la base, à part un seul cas, mais peut-être que la personne en question n’y a rien compris», dit la SG du parti.

Qui sont donc ces personnes qui veulent torpiller le parti de Louisa Hanoune ? A l’en croire, il y aurait plusieurs profils. D’abord, chacun des participan­ts aurait ramené deux ou trois personnes «pour faire croire que la salle est pleine». «Notre base n’est pas constituée de ces gens qui se sont réunis à Mazafran, Dieu nous en garde ! La majorité des présents n’ont jamais adhéré au Parti des travailleu­rs», glisse-t-elle.

Ensuite, il y a les anciens militants du parti qui l’ont quitté depuis cinq ou dix ans, ainsi que d’anciens députés qui en ont été exclus en 2016. Puis, il y a ceux qui ont été écartés en 2019, car ils ont participé à un mouvement de redresseme­nt, alors que la secrétaire générale du parti était en prison. Parmi les participan­ts, il y a également, selon Louisa Hanoune, des militants déjà inscrits dans des listes électorale­s d’autres formations politiques (du FLN notamment). A ceux-là s’ajoutent deux anciens membres du PT, qui ont été exclus, car ils étaient poursuivis en justice pour des affaires de corruption.

Et puis, il y en a – peu nombreux – qui ont été rayés des listes du PT suite à leur démission en 2020. La question que la responsabl­e du parti se pose aujourd’hui est de savoir si lesdits dissidents ont agi seuls. Louisa Hanoune se montre néanmoins «sereine», dans la mesure, dit-elle, où le PT est un «parti légaliste» qui défend le multiparti­sme, ayant «la loi, le droit et la légitimité» de son côté.

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Des militants et anciens cadres exclus du PT ont voté une motion de retrait de confiance à la secrétaire générale du parti, Louisa Hanoune

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