Les législatives et l’ancrage du FFS en Kabylie
Tous les regards étaient braqués sur le conseil national extraordinaire du FFS, qui s’est tenu hier à Alger. L’enjeu était capital, puisqu’il s’agissait de se positionner sur la participation ou non aux élections législatives du 12 juin prochain. L’opposition comme le pouvoir attendaient la position du FFS. Une position qui aura, d’une manière ou d’une autre, un impact sur la scène politique nationale, mais aussi sur ce prochain scrutin. Ainsi, après l’annonce du boycott des législatives par plusieurs partis de l’opposition, de nombreux observateurs commençaient à s’interroger sur la position du plus vieux parti de l’opposition, surtout après la rencontre entre des membres de sa direction nationale et le président Abdelmadjid Tebboune. L’opposition, engagée dans le mouvement populaire pour le changement radical, ne pouvait qu’espérer que le FFS rejoigne les rangs des boycotteurs, comme lors des deux derniers scrutins, présidentiel et référendaire. Au-delà de son ancrage dans la société, le FFS reste, de par son histoire, un parti qui symbolise fortement la lutte pour la démocratie et pour l’Etat de droit.
De son côté, le pouvoir chercherait à faire participer des forces de l’opposition à ces nouvelles élections afin de leur donner de la légitimité. Et quoi de mieux que d’avoir le FFS parmi les participants. Car, bien qu’il ait réussi à rallier à son agenda politique de nombreuses autres forces politiques, notamment islamistes, le pouvoir craint un boycott massif des élections en Kabylie, une région qui demeure acquise aux forces de l’opposition. La participation du FFS, en raison notamment de son ancrage dans cette région, pourrait susciter de l’intérêt et une relative adhésion à ce scrutin. C’est pour cette raison que mêmes les plus hautes autorités du pays attendaient la décision du FFS. Une décision qui revenait de droit au conseil national du parti en sa qualité de haute instance délibérante.
Dès le début, la question de participer ou non aux prochaines législatives constituait un enjeu majeur au niveau interne. Le FFS, faut-il le rappeler, est sorti récemment d’une grave crise interne qui l’a menacé dans son existence.
Après un congrès extraordinaire de l’instance présidentielle, il a pu retrouver sa sérénité et sa cohésion. Aujourd’hui, il est question donc de renforcer sa crédibilité auprès de l’opinion publique en jouant pleinement le jeu démocratique. Participer aux législatives pourrait être considéré comme une opportunité pour avoir une tribune d’expression afin de poursuivre le combat pour le changement démocratique. Mais la reprise des marches populaires des vendredis et des mardis a rendu ce choix périlleux, en ce sens que beaucoup d’Algériens continuent de manifester pour exiger un changement radical. Il serait donc difficile pour un parti comme le FFS de défendre ou de justifier auprès de l’opinion une participation à ces élections législatives.
Prendre part à un tel scrutin serait même suicidaire pour le plus vieux parti de l’opposition qui jouit d’un grand capital sympathie au niveau national et plus particulièrement en Kabylie, qui constitue le gros de sa base militante.
C’est dans ce contexte que le débat s’est déroulé au sein du parti dès l’annonce de la date de ces législatives anticipées. Un débat qui s’est poursuivi au conseil national, avec beaucoup de sérénité.