Qui aurait cru que ?

Après 20 ans de règne, il est poussé dehors par la foule et le chef d’état-major qu’il a nommé puis essayé de limoger. Le général Toufik, celui-là même qui l’avait coopté avec l’armée, est ensuite passé de faiseur de dieux à assistant du diable. Qui aurait cru que le général Tartag, l’homme le plus redouté du pays, puisse finir en prison ? Qui aurait cru que le général Bouazza écope de 16 ans de prison, lui qui avait la mainmise sur tout, les écoutes, les walis, les dossiers, la justice et même sur la présidentielle, où il a tenté de faire passer Mihoubi ? On ne sait pas trop d’ailleurs ce que ce dernier devient, animateur forain des Hauts-Plateaux ou berrah dans un marché de gros, mais qui aurait cru que tout ce personnel finisse aussi mal ? C’est évidemment une bonne chose, rien n’est acquis dans la chimie des équilibres, des réactions en chaîne et affrontements de macromolécules. Dans les interactions entre solides, rien ne se crée, rien ne se perd, mais tout se transforme. Sauf que le chimiste Lavoisier, auteur de cette formule sur la conservation des masses, aurait été journaliste à Alger, chef de daïra à Bouchegouf ou simple directeur des caisses sociales à In Guezzam, il aurait peut-être inversé sa formule en déclarant que tout se crée, tout se perd, rien ne se transforme. Surtout pas le régime profond, bien assis sur la classification des éléments et maître des combinaisons atomiques. D’accord, ce n’est plus exactement le même, mix d’officiers et civils nouvellement arrivés aux commandes et d’anciens qui ont su faire le bon choix, actionnant une administration qui a gardé la même composante. L’Algérie a-t-elle changé en deux ans ? Tout dépend, du point de vue de la composition des éléments oui, vu du côté des propriétés physiques, non. C’est probablement pour cette raison que le hirak continue, pour changer les conditions de pression et température d’arriver à un nouvel état de la matière, moins dur, plus souple, moins dense, plus ouvert. Moins lourd et plus fusionnel.