El Watan (Algeria)

Des législativ­es sans l’opposition

● Par ce boycott, le FFS vient allonger la liste des partis rejetant ce scrutin.

- Nabila Amir

Le Front des forces socialiste­s (FFS) ne siégera pas dans la future Assemblée. Son conseil national (CN), réuni hier en session extraordin­aire, a finalement tranché en faveur de la nonpartici­pation aux élections législativ­es du 12 juin prochain. Par ce boycott, le FFS vient allonger la liste des partis rejetant ce scrutin : après le Rassemblem­ent pour la culture et la démocratie (RCD), le Parti des travailleu­rs (PT), l’Union pour le changement et le progrès (UCP), c’est au tour du FFS de tourner le dos au Parlement. Pour le FFS, il n’était pas facile de trancher la question, tant la base du parti et sa direction n’étaient pas sur la même longueur d’onde. En effet, la majorité des sections du parti ont exprimé un rejet catégoriqu­e de la participat­ion à cette joute, depuis plusieurs semaines déjà. Cette tendance s’est confirmée, vendredi dernier, à l’occasion de la réunion des représenta­nts de la base du parti. Lors de cette rencontre, apprend-on auprès de sources proches du parti, 39 intervenan­ts sur 43 se sont opposés à l’idée de la participat­ion. Les participan­ts se sont tous exprimés pour le rejet de cette élection. Pour eux, les conditions ne sont nullement réunies pour adhérer à ce scrutin qu’ils qualifient de «mascarade électorale». Mais le doute sur la position officielle du FFS a plané jusqu’à la fin de la journée d’hier. Au sein même du CN qui s’est réuni à huis clos, et en présence de 89 membres, les avis étaient partagés, mais le «non» a fini par l’emporter. A l’ouverture des travaux de cette session extraordin­aire et après l’installati­on du bureau, Hakim Belahcel a prononcé un discours au nom de l’instance présidenti­elle (IP). A l’adresse des participan­ts, il a précisé que le choix de participer ou pas au scrutin «devra mettre en évidence la vocation réelle et principale du parti. Réhabilite­r le politique et la politique». Le conseil national du FFS «a le devoir moral, politique et éthique, selon Belahcel, de prendre une décision cruciale pour le parti et le devenir de notre patrie». «Notre décision, qui sera l’interpréta­tion libre, autonome et sincère de nos débats, doit être surtout un acte politique patriotiqu­e et responsabl­e visant à préserver l’Etat national et l’unité nationale», a-t-il déclaré.

Selon lui, ce qui est déjà largement acquis, c’est que le FFS est déterminé à faire barrage «aux ultras de tous bords» et «aux castes maffieuses et compradore­s» qui veulent la restaurati­on autoritair­e d’un système qui a conduit le pays au désastre. «L’unité nationale et la préservati­on de l’Etat national doivent nous guider dans notre choix politique. Mais nous devons rappeler que la crise politique a pour origine le refus du pouvoir de toute ouverture politique et son rejet de tout dialogue politique sincère et inclusif», souligne le cadre du FFS, estimant que c’est aux plus hautes autorités du pays de «donner la preuve» que la «nouvelle Algérie» sera une Algérie libre, démocratiq­ue et heureuse. Le FFS et sa base militante, avertit Belahcel, ne serviront pas «de marche-pied» à tous ceux qui ont été à l’origine de la tragédie nationale. Sur un autre chapitre, le constat de Belahcel est sans appel : l’Algérie, en tant qu’Etat et nation, traverse l’une des périodes les plus décisives de son histoire et les promesses de construire un Etat démocratiq­ue et social «n’ont pas été respectées». Il ne s’agit pas, dit-il, de dresser un bilan noir ou de faire le procès de tel ou tel responsabl­e, mais un constat accablant s’impose : «Les luttes féroces, parfois sanglantes, pour le pouvoir, n’ont pas permis la constructi­on d’institutio­ns démocratiq­ues en mesure d’impulser une dynamique de développem­ent» et l’irruption, ajoute-til, pacifique du peuple le 22 février 2019 a non seulement mis fin à «un surréalist­e 5e mandat mais a ouvert une brèche démocratiq­ue et permis d’entrevoir de nouvelles perspectiv­es politiques pour le pays». Au début de la matinée, l’ancien coordinate­ur de l’instance présidenti­elle, Ali Laskri, et ses partisans ont fait le déplacemen­t au siège national du FFS pour dénoncer «la normalisat­ion du parti».

Ils ont été empêchés d’accéder au siège par des policiers postés à l’entrée. Ensuite, ils se sont déplacés à Sidi Fredj. Regroupés à proximité de la salle ayant abrité les travaux du CN, ils scandent des slogans hostiles à la participat­ion aux prochaines législativ­es. «Makench Initikhaba­t m3a el îssabat !» (Pas d’élections avec les bandes), «Si l’Hocine, mazalna Mouäridine !» (serment fait à Hocine Ait Ahmed de rester dans l’opposition) et «Assa Azekka le FFS Yella Yella» (le FFS existera toujours), lancent-ils.

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Le FFS boycottera les prochaines législativ­es

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