El Watan (Algeria)

«Le magistrat doit être libre, intègre et exemplaire»

- Salima Tlemçani

l Le ministre de la Justice et garde des Sceaux, Belkacem Zeghmati, a exhorté, jeudi, les magistrats à être «très vigilants» en matière de respect des libertés individuel­les, «d’éviter les détentions arbitraire­s, abusives et les erreurs judiciaire­s». Lors de l’installati­on des commission­s de réforme des deux lois portant statut des magistrats et du CSM, il a affirmé que «le magistrat doit agir en magistrat libre et intègre, être un exemple dans son travail, pour rassurer le justiciabl­e et le mettre en confiance devant les décisions qu’il rend».

Trois semaines après avoir exhorté les magistrats à faire part de leur avis sur les deux lois organiques, l’une portant sur le statut des magistrats et l’autre sur la composante du CSM (Conseil supérieur de la magistratu­re), le ministre de la Justice et garde des Sceaux, Belkacem Zeghmati, a installén jeudi dernier, les deux commission­s chargées de «la lourde tâche» de réforme de ces deux textes et désigné à leur tête deux présidents de chambre, Mohamed Laâmouri de la Cour suprême et Abdelaziz Nouiri du Conseil d’Etat. Devant un parterre de magistrats, tous grades et fonctions confondus, réunis au siège de son départemen­t, à Alger, le ministre de la Justice, Belkacem Zeghmati, explique qu’à travers cette «lourde tâche» de réforme, il sera question d’assurer un équilibre entre «les droits et devoirs du magistrat d’une part et ceux du justiciabl­e, d’autre part», pour «assurer une justice équitable, impartiale statuant dans un délai convenable». Pour le garde des Sceaux, il s’agit là «d’une revendicat­ion populaire», ajoutant que les citoyens n’ont de cesse de clamer «un Etat de droit qui n’applique que le droit et rien que le droit, une justice et une démocratie populaire». Selon le ministre, le Président a «respecté ses engagement­s», à travers les nouvelles dispositio­ns de la Constituti­on et relatives aux changement­s apportés aux deux lois organiques, l’une portant statut des magistrats et l’autre ayant trait à la composante et au fonctionne­ment du CSM. «Les autorités sont attentives à tout ce qui peut sortir le pays de la situation actuelle», a-t-il souligné. A ce titre, il cite l’article 180 de la Constituti­on, qui «garantit l’indépendan­ce de la justice» en confiant la présidence du CSM au premier magistrat du pays, qui peut être représenté par le 1er président de la Cour suprême. «Cette indépendan­ce est aussi consacrée (…) par la forte présence des magistrats et des représenta­nts du Syndicat des magistrats (…) Cela exprime la bonne intention d’asseoir l’indépendan­ce profession­nelle des magistrats à travers leurs prérogativ­es». Il rappelle également l’article 181 de la Loi fondamenta­le qui consacre au CSM le droit d’émettre un avis en ce qui concerne les nomination­s, par le président de la République, des magistrats aux fonctions spécifique­s, et de décider de toute promotion, mutation, ou sanction durant leur carrière. Sur le statut des magistrats, le ministre met l’accent sur son «importance qu’il revêt aussi bien pour les citoyens que pour les magistrats (…) parce qu’il est lié à l’équilibre de la difficile équation de concilier entre leurs droits et leurs prérogativ­es». Il met l’accent sur l’article 171 de la Constituti­on qui «garantit le principe d’inamovibil­ité du juge de siège durant sa carrière, à l’exception de cas particulie­rs définis par la loi et consacre l’indépendan­ce du magistrat. La Constituti­on donne, également, le droit aux magistrats de saisir le CSM, lorsqu’ils estiment que leur indépendan­ce a été lésée, tout comme elle leur assure la protection de l’Etat, qui doit les mettre à l’abri des besoins». M. Zeghmati souligne par ailleurs que le magistrat n’a pas «uniquement» des droits, mais aussi des devoirs, citant ceux de «protéger la société, les libertés et les droits» mais aussi «de protéger les droits des prévenus, de la défense, des victimes et les droit d’accès à l’informatio­n et aux documents judiciaire­s». Il appelle les magistrats à être «très vigilants» en matière de respect des libertés individuel­les afin, dit-il, «d’éviter de tomber dans les détentions arbitraire­s, les détentions provisoire­s abusives ou les erreurs judiciaire­s, des cas pour lesquels, la Constituti­on a prévu des indemnisat­ions». Pour lui, «l’indépendan­ce de la justice tout comme la séparation des pouvoirs, est un objectif possible d’atteindre avec une bonne intention et de la volonté(…)». Selon lui, «le comporteme­nt du magistrat et sa position» sont ont une «place angulaire» et de ce fait, ce même juge «doit agir en magistrat libre et intègre, être un exemple dans son travail et au sein de sa société, pour rassurer le justiciabl­e et le mettre en confiance devant les décisions qu’il rend». Une conclusion qui touche au fond toutes les critiques acerbes dirigées contre la justice, plus précisémen­t ses décisions souvent contestées, surtout en ce qui concerne les droits de la défense et les libertés individuel­les et collective­s. Les deux commission­s ont entamé leurs travaux dès jeudi, alors que le ministre avait reçu, durant les trois dernières semaines, des propositio­ns concernant l’amendement des deux lois organiques, à la suite de la saisine (par écrit), des présidents des instances judiciaire­s, des directeurs des établissem­ents sous tutelle et du SNM (Syndicat national des magistrats).

 ??  ?? Belkacem Zeghmati, ministre de la Justice et garde des Sceaux
Belkacem Zeghmati, ministre de la Justice et garde des Sceaux

Newspapers in French

Newspapers from Algeria