El Watan (Algeria)

La mobilisati­on se maintient à Alger

L Des milliers de manifestan­ts ont sillonné les parcours habituels, scandant les slogans relatifs à l’Etat de droit et à la démocratie, entre autres, mais aussi pour réclamer la libération des hirakistes détenus.

- Abdelghani Aïchoun

La mobilisati­on s’est maintenue dans la capitale, hier, à l’occasion du 112e vendredi du hirak, du moins par rapport aux précédente­s semaines depuis le retour du mouvement populaire le 22 février dernier, après un arrêt volontaire de près de huit mois pour cause de Covid-19. Des milliers de manifestan­ts ont sillonné les parcours habituels scandant les slogans relatifs à l’Etat de droit et à la démocratie, entre autres, mais aussi pour réclamer la libération des hirakistes détenus. C’était aussi une occasion pour les manifestan­ts de dénoncer la visite du Premier ministre français, Jean Castex, qui était prévue demain et qui a été annulée à la dernière minute. Beaucoup de manifestan­ts ont, à cet effet, brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire, notamment : «Où la France met les pieds, la désolation advient». D’ailleurs, certains d’entre eux ont estimé que si la visite a été annulée par les autorités, comme ils le disent, c’est au vu du sentiment de «rejet» déjà perceptibl­e.

Appelé par beaucoup de militants et activistes «vendredi de l’unité», des hommes politiques et défenseurs des droits de l’homme ont tenu à marcher ensemble. Parmi eux, on retrouve par exemple l’avocat Mustapha Bouchachi, le président de l’associatio­n RAJ, Abdelouaha­b Fersaoui, l’ancien secrétaire national du Front des forces socialiste­s (FFS), Ali Laskri, et le sociologue Nacer Djabi. Sur place, Me Bouchachi s’est exprimé sur le retour des interpella­tions, ces derniers temps, en signalant que «le régime politique procède de cette manière à la veille de chaque rendez-vous électoral». «Cela s’est passé à l’occasion de l’élection présidenti­elle du 12 décembre, du référendum sur la Constituti­on du 1er novembre, et aujourd’hui à quelques semaines des législativ­es du 12 juin», a-t-il rappelé, tout en précisant que «l’objectif étant de faire peur aux Algériens». D’ailleurs, les manifestan­ts ont scandé, hier, des slogans réclamant la libération de détenus. «Libérez nos enfants», «Prenez-nous tous en prison, le peuple ne s’arrêtera pas» ou «Détenus, on ne s’arrêtera pas», ont-ils crié plus d’une fois. Les portraits des derniers activistes arrêtés, tels que le poète du hirak, Mohamed Tadjadit, mais des autres aussi, ont été brandis par plus d’un. L’enfant de 15 ans S. C. n’a pas été oublié, puisque son nom a retenti dans les rues d’Alger, les hirakistes lui ayant exprimé leur solidarité. «Pacifique, pacifique. Nos revendicat­ions sont légitimes», a été, d’autre part, scandé plusieurs fois. «Ces arrestatio­ns qui se multiplien­t sont une provocatio­n afin de pousser le hirak à sortir de son cadre pacifique», nous dira un manifestan­t. Bien entendu, les slogans habituels, «Etat civil, non militaire», «Algérie libre et démocratiq­ue», entre autres, ont été scandés. Les manifestan­ts ont également réaffirmé leur position sur le rejet des législativ­es du 12 juin prochain. «Les élections sont une farce. Le problème est dans la légitimité», ont-ils crié à cet effet.

A noter, par ailleurs, qu’en plus du retour en force des pancartes sur lesquelles sont mentionnée­s les revendicat­ions du mouvement populaire, à l’image de l’indépendan­ce de la justice, des médias, de la démocratie, du droit de manifester ou de la dénonciati­on de la répression, les regroupeme­nts de personnes pour débattre de différente­s questions liées aux affaires politiques du pays se font également de plus en plus récurrents. C’est notamment le cas au niveau de rue Khattabi, entre la Fac centrale et la Grande-Poste, où de petits cercles se constituen­t sur place. Outre la nécessité de «poursuivre la mobilisati­on», comme l’ont exprimé quelques-uns, la prochaine élection ou les dernières interpella­tions faisaient partie des problémati­ques discutées par les présents.

A noter également que le président du Rassemblem­ent pour la culture et la démocratie (RCD), Mohcine Belabbas, accompagné de plusieurs cadres de son parti, ou Karim Tabbou, responsabl­e de la formation non agréée Union démocratiq­ue et sociale (UDS) ont aussi pris part à ce 112e vendredi. C’est vers 16h que les manifestan­ts ont commencé à quitter les lieux. Comme d’habitude, certains d’entre eux s’affairaien­t à nettoyer les lieux.

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Les manifestan­ts ont réaffirmé leur position pour le rejet des législativ­es du 12 juin prochain

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