El Watan (Algeria)

Tizi Ouzou fidèle au mouvement

- Hafid Azzouzi

La rue gronde toujours à Tizi Ouzou, où la marche hebdomadai­re du vendredi a drainé, hier, des milliers de citoyens qui ne veulent pas lâcher prise avant de voir la réalisatio­n des revendicat­ions du mouvement populaire enclenché, à l’échelle nationale, le 22 février 2019, pour exiger le départ du système. Ce dernier continue d’être décrié par les marcheurs qui ne cessent de se mobiliser dans une dynamique qui reprend de plus en plus ses droits après des mois de «trêve» imposés par la crise sanitaire provoquée par le coronaviru­s. La marche d’hier dans la capitale du Djurdjura relance manifestem­ent le front anti-vote entamé, il y a quelques semaines, dès l’annonce des législativ­es du 12 juin prochain. Les slogans contre cette échéance électorale ont été, d’ailleurs, mis en avant par les manifestan­ts qui n’ont cessé de scander, haut et fort, «Ulac Lvot Ulac !» (Il n’y aura pas de vote). «Les élections ne serviront à rien dans une conjonctur­e de confusion au sommet de l’Etat. C’est de la précipitat­ion», a laissé entendre un marcheur qui estime que la situation que traverse le pays est grave aussi bien sur le plan économique que social. «Les prix ne cessent d’augmenter de manière inquiétant­e. Le pauvre citoyen fait face à un quotidien très rude», fulmine-t-il au milieu d’une foule qui scandait «Klitou lblad ya serrakine !» (Vous avez pillé le pays, voleurs). «Naufrage imminent. Après 60 ans de dérive programmée, nous chavirons droit vers les Bermudes», lisait-on sur un panneau contre-plaqué suspendu par un manifestan­t qui a martelé que «l’Algérie se dirige droit vers le naufrage». Nous avons remarqué des personnes qui n’ont jamais raté la marche du vendredi à Tizi Ouzou, comme ce père de famille qui a hissé une pancarte sur laquelle est mentionné : «Vous avez hypothéqué l’Algérie, volé ses richesses et torturé ses enfants.» Les slogans stigmatisa­nt le DRS ont été également lancés par la foule qui criait aussi «Etat civil et non militaire». La libération des détenus du mouvement populaire est de nouveau réclamée par les marcheurs durant toute leur manifestat­ion. «Libérez les détenus, libérez l’Algérie», «Non à l’instrument­alisation de la justice» ont-ils repris en choeur durant toute la marche. Celleci s’est déroulée sans aucun incident. Nous n’avons remarqué aucune présence policière tout le long de l’itinéraire de la manifestat­ion, contrairem­ent à l’action hebdomadai­re des étudiants qui a été empêchée, encore une fois, mardi, par les services de sécurité qui ont déployé un important dispositif dans la ville de Tizi Ouzou.

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