Une manifestante poursuivie pour «outrage»
Une Marocaine sera jugée pour «outrage» après avoir accusé des membres des forces de l’ordre de l’avoir agressée sexuellement en mars pendant une manifestation d’enseignants «contractuels» demandant leur intégration dans la fonction publique, a rapporté hier l’AFP citant son avocate.
Mobilisés depuis plusieurs semaines, les enseignants contractuels ont plusieurs fois manifesté ces derniers jours dans les rues de Rabat, malgré l’interdiction prononcée par les autorités pour des raisons sanitaires. Nezha Majdi, âgée d’une vingtaine d’année, a été interpellée avec d’autres manifestants, mardi, alors qu’elle participait à un défilé réunissant quelques centaines de personnes. Après 48 heures de garde à vue, elle a été poursuivie jeudi avec 19 autres protestataires pour «violation de l’état d’urgence sanitaire», «attroupement non armé et non autorisé» et «outrage envers des agents de la force publique», a déclaré son avocate Souad Brahma. La jeune enseignante est la seule à avoir été poursuivie pour «outrage envers corps constitué». A la mimars, Nezha Majdi a confié à une web-TV locale qu’elle a, comme d’autres manifestantes, été «harcelée sexuellement» et subi «des attouchements» de membres des forces de l’ordre pendant une manifestation ce mois-là. Le procès est prévu le 20 mai à Rabat, selon elle. Quelque 85 000 enseignants ont été recrutés à partir de 2016 sur la base de Contrats à durée déterminée (CDD). Ces enseignants «contractuels» ont lancé en 2019 un long mouvement de grève accompagné d’importantes manifestations, qui se sont déroulées généralement sans incidents. Ils avaient obtenu d’être intégrés en CDI au sein des Académies régionales de l’Education nationale. Début 2021, ils ont entamé une nouvelle série de grèves et réinvesti les rues de la capitale marocaine pour dénoncer leur «statut précaire». Ils réclament toujours le statut de fonctionnaire au ministère, gage de sécurité d’emploi, selon eux.