El Watan (Algeria)

Une commémorat­ion plutôt sobre

L Pour ce 150e anniversai­re, hautement symbolique, étant donné le siècle et demi bouclés, on s’attendait à un programme plus riche et une célébratio­n avec plus de faste mais, pandémie de Covid-19 oblige, la commémorat­ion a été des plus sobres.

- LIRE L’ARTICLE DE DJAMEL ALILAT

Le village historique de Seddouk Oufella, à quelque 60 kilomètres au sud de Béjaïa, a commémoré ce jeudi le 150e anniversai­re de l’insurrecti­on du 8 avril 1871. Cette guerre éclair de près de 3 mois a été l’un des plus importants soulèvemen­ts populaires armés contre l’occupant français. Elle avait a été menée par les deux leaders qu’étaient Cheikh Aheddad, autorité morale et chef spirituel de la puissante confrérie de la Tarika Rahmaniya, et le bachagha Mohamed El Mokrani, l’un des derniers descendant­s directs de la dynastie des Ath Mokrane qui avaient fait de la citadelle naturelle de la Qalaa des Ath Abbes la capitale de leur royaume qui a tenu tête aux Ottomans et aux Français et qui détenaient une partie du pouvoir dans l’Algérie d’avant la France coloniale.

Pour ce 150e anniversai­re, hautement symbolique, étant donné le siècle et demi bouclés, on s’attendait à un programme plus riche et une célébratio­n avec plus de faste mais, pandémie de Covid-19 oblige, la commémorat­ion a été des plus sobres. Elle s’est résumée à la venue d’une délégation officielle, emmenée par le wali et composée des autorités civiles, militaires et religieuse­s, qui s’est rendue sur les lieux pour effectuer le circuit de visites traditionn­elles des lieux de mémoire, le dépôt de gerbe de fleurs, quelques discours lus devant un parterre d’officiels et de religieux dans le mausolée nouvelleme­nt construit du Cheikh et s’est clôturée par l’incontourn­able collation offerte aux invités de marque. Le 8 avril 1871, Cheikh Aheddad, qui avait appelé à un grand rassemblem­ent au souk de Seddouk, avait solennelle­ment annoncé le début du djihad armé contre la France en jetant sa canne par terre. Mohamed El Mokrani était déjà rentré en guerre un mois plus tôt et avait envoyé plusieurs émissaires et délégation­s auprès du vénérable Cheikh pour le convaincre

de rejoindre le mouvement insurrecti­onnel.

Cheikh Aheddad avait expliqué à ses adeptes que la révolution qu’ils entamaient n’avait aucune chance d’aboutir à bouter hors d’Algérie le colon français, mais, avait-il argumenté, il fallait que le sang coule pour que le fossé entre Algériens et Français soit, désormais, infranchis­sable.

Après la défaite militaire des Algériens, le

Cheikh avait été arrêté et emprisonné, alors qu’il était malade et âgé de 93 ans. La Tariqa Rahmaniya a été interdite et la zaouïa du Cheikh avait été brûlée et démolie, ses biens saisis et ses terres mises sous séquestre. Au cours du procès des «Grands Chefs», qui s’est tenu à Constantin­e, il avait été condamné par la justice coloniale à cinq ans de prison, mais il est décédé au bout de quelques jours de détention. Ses fils Aziz et Mhand, qui avaient également pris une part active à l’insurrecti­on, avaient été condamnés à mort, peine commuée en déportatio­n en Calédonie.

En 1881, Aziz arrivera à s’évader des oubliettes du Pacifique, en voyageant d’île en île, à bord de petites barques de fortune.

Il s’installe en Egypte, puis à La Mecque, mais il meurt dans un hôpital parisien le 22 août 1895 à l’âge de 55 ans. Cheikh Aheddad (1790-1873), compte, aujourd’hui, parmi les figures les plus emblématiq­ues de l’histoire nationale.

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La pandémie de coronaviru­s a gâché la fête...

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