Perpétuer une coutume ancestrale
Ancrée depuis la nuit des temps dans l’imaginaire collectif, la célébration de l’avènement du printemps, appelée communément Chaou tafsut ou Chaou rabiâ, est accueillie en grande pompe par les habitants de la région des Bibans. Et au grand bonheur des petits, les parents se plient en quatre pour répondre aux caprices de leurs rejetons, quitte à casser la tirelire. Les marchands de friandises et de sucreries, ne manquent pas d’ingéniosité pour leur faire mordre à l’hameçon, en exposant leurs marchandises, en détail ou sous forme de paniers garnis, joliment sur des étals et pendant des jours. Dans le panier il y a aussi du fait maison : des galettes de semoule farcie de patte de datte, appelée labradj, ou de galettes d’oeufs ainsi que des fruits de saison, généralement des oranges. Une fois les provisions emballées dans des sacs, des caravanes de familles, à pied ou embarquées à bord de voitures, se dirigent vers les grands espaces naturels, à la recherche d’évasion et d’une bouffée d’oxygène pure dans un endroit bucolique. Dès que le camping est repéré, on y «jette l’ancre» pour que chacun profite de la détente comme il l’entend. Qui prend un bain de soleil, sur les pétales blancs d’arbres fruitiers véhiculés par le vent, en admirant les papillons et les hirondelles voler en rase-motte ou qui dévore sans modération des tonnes de friandises en courant derrière les oiseaux.
DÎNER VÉGÉTARIEN
Atones, les familles rentrent le soir pour préparer un dîner souvent végétarien, à base de plantes cueillies dans la nature le jour-même, en guise d’accueil de la saison du printemps. Chaou tafsut ou Chaou rabiâ est célébré presque simultanément dans les quatre coins de la région des Bibans,et ce, dès que les arbres fruitiers sont en floraison. Au Sud, au Nord comme à l’Est et l’Ouest, les habitants, petits et grands, ne manquent pour rien au monde de s’offrir une escapade dans les champs, les vergers et la montagne. A perte de vue, des grappes de familles jonchent les bas côtés des routes qui ne désemplissent pas à longueur de la journée. Ils sont pris d’assaut par des randonneurs qui prennent le plaisir de pique-niquer à même le sol et avec un peu de chance d’être près d’une source d’eau fraîche et entourés de fleurs qui taquinent les narines et de toutes les couleurs qui sautent aux yeux. Sauf que l’absence des chutes de neige et la faible pluviosité cette année ont découragé bon nombre d’inconditionnels de ce rendez-vous. «Rien n’indique que c’est le printemps : il n’y a ni ruisseaux ni abeilles qui butinent de fleur en fleur, ni papillons ni hirondelles et encore moins de fleurs. Autrefois, c’était cela le décor qui annonçait l’arrivée du printemps, aujourd’hui même les enfants ont tourné le dos à cette coutume, pourtant bénéfique au corps et à l’esprit», nous dit-on.