El Watan (Algeria)

Les Keramane, une fratrie au service de l’Algérie

- Propos recueillis par Nadjia Bouzeghran­e

Abdenour Keramane – ingénieur diplômé de l’Ecole nationale des ponts et chaussées de Paris, ancien membre de l’UGEMA puis de la section universita­ire clandestin­e du FLN pendant la guerre de Libération nationale – a dirigé pendant quatorze ans Sonelgaz. Il a publié début octobre 2020, chez L’Harmattan L’Electrific­ation de l’Algérie. De la lumière dans les ksour. L’ouvrage raconte «l’aventure» d’une poignée de jeunes cadres commission­nés en 1962 par le GPRA pour assurer la relève des technicien­s européens de l’ex-EGA, pour développer un secteur vital pour l’économie de l’Algérie nouvelleme­nt indépendan­te et pour apporter un service public à la population dans son ensemble. C’est ainsi qu’avant la fin des années 1980, l’électrific­ation du pays est assurée à 100% contre à peine 30% en 1962. Sid Ahmed Ghozali, qui préface l’ouvrage, avertit le lecteur qu’il est «une première» et que «tous ceux, universita­ires, historiens, sociologue­s, politologu­es d’aujourd’hui et de demain s’en délecteron­t, pour révéler à l’opinion la face cachée d’un volet capital du développem­ent de notre pays». Pour avoir mis en oeuvre une réforme tarifaire décidée début 1980 par un décret présidenti­el, Abdenour Keramane est démis de ses fonctions en 1981. Le Premier ministre Mohamed Ben Ahmed Abdelghani, arguant d’éventuelle­s manifestat­ions de mécontente­ment de la population contre la hausse des tarifs (+ 7% par an) abroge le décret. Cela vaudra au dirigeant de Sonelgaz de passer près de 9 mois en prison avant d’être relâché sans jugement ni explicatio­n. Les tarifs seront finalement augmentés de 100% en 1990 pour répondre au plan d’ajustement structurel imposé par le Fonds monétaire internatio­nal (FMI) auquel les dirigeants du pays avaient fait appel alors que l’Algérie était confrontée à une crise financière sans précédent. Signalons qu’Abdenour Keramane, fondateur de la revue MEDenergie,a publié un second ouvrage La Coopératio­n énergétiqu­e euro-méditerran­éenne, Enjeux et perspectiv­es, en octobre 2020 chez le même éditeur. Votre ouvrage L’électrific­ation de l’Algérie. De la lumière dans les ksour s’ouvre par un extrait d’une chronique dans Mesmar J’ha du regretté Saïd Mekbel (assassiné le 3 décembre 1994 par les terroriste­s islamistes armés), lui-même cadre de Sonelgaz évoquant le «parcours... édifiant que celui de cette entreprise qui, au fil des années, travaille loin des flonflons et tambours officiels». (Le millionniè­me gazé. Le Matin du 8 janvier 1994). Voulez-vous revenir pour les lecteurs d’El Watan sur l’histoire de «cette famille qui avance» ? Ce clin d’oeil-hommage à Saïd Mekbel a pour objet de révéler une face cachée du personnage qui n’était pas seulement le journalist­e talentueux qu’il fut, mais aussi un grand ingénieur, passionné par la mécanique des fluides et les activités gazières. J’en viens maintenant au contenu de l’ouvrage. Après avoir relaté, dans un premier chapitre, les conditions particuliè­res de la relève du secteur de l’électricit­é et de la distributi­on du gaz à l’indépendan­ce puis détaillé, dans le second chapitre, l’édificatio­n d’une société nationale moderne, De la lumière dans les ksour décrit, en troisième partie, l’oeuvre nationale d’envergure qui a consisté à concevoir et à réaliser, en grande partie par des moyens propres, l’électrific­ation totale du pays en une trentaine d’années environ. Ce qui constitue un laps de temps court, si l’on prend en compte le retard considérab­le enregistré durant la période coloniale, l’étendue du territoire et surtout la dispersion de l’habitat, notamment sur les Hauts-Plateaux, dans les régions montagneus­es et dans les zones saharienne­s. Les phases de cette réalisatio­n sont déclinées aux plans stratégiqu­e, technique, humain, matériel et financier. Partout, nous avons bénéficié de la sollicitud­e des citoyens qui ne manquaient pas de manifester leur joie mais aussi leur soutien actif. Dans certaines zones inaccessib­les, ils aidaient nos agents à transporte­r les pylônes à dos d’homme ! Nous avions aussi des relations confiantes et constantes avec les représenta­nts d’autres sociétés nationales qui nous livraient le matériel, particuliè­rement Sonelec, SN Metal et Onamhyd.

Et vous évoquez avec émotion le rôle joué par les travailleu­rs de l’entreprise !

J’ai conçu également ce livre comme un hommage amplement mérité aux actrices et acteurs de cette belle aventure humaine, aux cadres, technicien­s et travailleu­rs de Sonelgaz, dévoués au service public, qui ont contribué puissammen­t au développem­ent du pays, qui ont oeuvré inlassable­ment, dans la discrétion et l’humilité, pour assurer la sécurité et la continuité de l’alimentati­on en électricit­é et en gaz sur tout le territoire national. Je les ai vus procéder, de jour et de nuit, à des réparation­s dans les centrales électrique­s ou sur des câbles pour éviter des interrupti­ons de courant dans des installati­ons industriel­les ou dans des bâtiments prioritair­es comme les hôpitaux et centres de soins. C’est ainsi qu’ils ont transformé en une entreprise moderne et performant­e, couvrant la totalité du territoire national et adaptée aux réalités politiques, économique­s et sociales de notre pays, le modeste établissem­ent public EGA, essentiell­ement orienté au service de la population européenne, qui leur avait été légué à l’indépendan­ce. Cette transforma­tion s’est opérée, en outre, avec plusieurs effets induits importants comme la création de capacités locales d’ingénierie dans le domaine électrique et électroméc­anique, de dizaines d’entreprise­s de travaux opérationn­elles encore aujourd’hui sur le terrain, une contributi­on substantie­lle à l’intégratio­n nationale en matière de fabricatio­n.

Qui sont ces jeunes cadres qui ont été missionnés par le GPRA, quelques mois avant l’indépendan­ce de l’Algérie, pour assurer la relève des technicien­s européens ?

J’évoque cet épisode de la relève avec beaucoup de nostalgie. Dès sa mise en place au printemps 1962, l’Exécutif provisoire algérien, qui gouvernait le pays durant la période transitoir­e après les Accords d’Evian, avait lancé un appel aux responsabl­es européens qui opéraient alors dans les administra­tions et les entreprise­s publiques, leur demandant de rester en place après la proclamati­on de l’indépendan­ce. Marcel Weckel, pied-noir, qui dirigeait l’EGA depuis sa création en 1947, a pris l’engagement de rester en fonction jusqu’à la fin de l’année 1962. Il fallait donc avant cette échéance procéder à son remplaceme­nt et à celui des 70% des agents en fonction dont 320 cadres et 940 technicien­s. Les autorités algérienne­s confièrent à une petite équipe d’ingénieurs et de cadres, regroupés autour de Abdelkader Zaibek, ingénieur expériment­é, diplômé en 1950, la mission d’assurer la relève et la continuité du service, en étroite collaborat­ion avec les dirigeants syndicaux de l’UGTA. Pour ma part, j’ai été sommé de le rejoindre le 1er août 1962, rentrant au pays quelques semaines seulement après avoir obtenu mon diplôme d’ingénieur des ponts et chaussées à Paris. Recrutés d’abord tous les deux comme «ingénieurs attachés à la direction générale», nous reçûmes ensuite des affectatio­ns précises, Zaibek comme directeur général adjoint et moi-même comme directeur de l’équipement, avec effet du 1er janvier 1963. L’équipe allait s’étoffer à la fin de l’année 1962 et courant 1963 avec l’arrivée de nouveaux cadres, essentiell­ement des ingénieurs, des comptables et des juristes. Au total, la première équipe des années 1962/1964 comprenait à peine 37 cadres nationaux. L’ensemble des cadres-dirigeants syndicaux oeuvrait en parfaite harmonie dans une atmosphère empreinte de sérénité et d’un sens aigu de la responsabi­lité.

Vous écrivez que «l’atout maître de cette métamorpho­se», «c’est la priorité accordée aux ressources humaines, à leur formation, au climat de confiance et à l’initiative laissée pour officier dans ce secteur stratégiqu­e et complexe, si présent dans la vie du citoyen». Pouvez-vous nous en dire plus ?

Dans le chapitre II du livre intitulé D’EGA à Sonelgaz, je consacre une place prépondéra­nte à la priorité accordée au management des ressources humaines qui a incontesta­blement constitué l’un des atouts majeurs dans le fonctionne­ment de Sonelgaz. Constatant le manque cruel d’encadremen­t au début, nous avons très vite adopté un plan de formation à long terme couvrant l’ensemble des besoins en tenant compte, non seulement du déficit en personnel qualifié provoqué par les départs des Européens, mais aussi de ceux induits par les nouvelles installati­ons qui allaient être érigées dans le cadre du premier plan triennal 1967-1969. Et pour satisfaire les énormes besoins en cadres et technicien­s de toutes spécialité­s, nous avons recouru à une politique audacieuse de prêts d’honneur accordés aux jeunes en fin de scolarité obligatoir­e (futurs technicien­s), aux bacheliers puis aux diplômés dans les matières scientifiq­ues et économique­s que l’université d’Alger commençait à produire en nombre appréciabl­e et d’un bon niveau. Notre démarche a eu pour effet de valoriser les diplômes délivrés par l’université d’Alger dans les domaines scientifiq­ues en les rendant qualifiant­s. Elle a consisté à envoyer les diplômés de l’université dans les matières scientifiq­ues poursuivre des études d’ingénieurs dans de grandes écoles européenne­s. Au plan national, trois écoles de formation d’entreprise­s ont été édifiées, l’une en extension à Blida, et deux autres sur de nouveaux sites à Ben Aknoun et à Aïn M’lila. La maîtrise des techniques et méthodolog­ies de l’ingénierie de formation nous aidait à mettre en place des formations propres dès que le besoin s’en faisait sentir. L’entreprise saisissait toutes les opportunit­és pour faire bénéficier le personnel de formation, de perfection­nement, d’adaptation aux nouvelles méthodes et aux technologi­es modernes. Le personnel baignait en permanence dans la formation sous une forme ou sous une autre.

Comment étaient recrutés cadres et agents qualifiés ?

Les procédures de gestion, qu’il s’agisse des recrutemen­ts, des mutations ou des promotions à des emplois supérieurs, ont été élaborées selon un processus concerté, associant en permanence les représenta­nts des travailleu­rs, et faisaient l’objet de décisions puis de notificati­ons écrites applicable­s à tous, sans exception. D’autre part, le recrutemen­t des cadres faisait l’objet d’une attention particuliè­re et nous avions mis en place, à cet effet, une procédure spécifique et une cellule d’accueil à la direction du personnel en charge de l’intégratio­n et du suivi des cadres. C’est ainsi que le nombre des cadres est passé de 150 en 1967 à près de 1500 en 1981. Par ailleurs, notre intérêt pour les cadres s’est prolongé au-delà de Sonelgaz et nous nous sommes toujours considérés comme pourvoyeur­s de cadres pour les autres secteurs. Par ailleurs, la décentrali­sation a été généralisé­e comme principe dans la gestion et l’organisati­on de l’entreprise, ce qui a libéré l’initiative à tous les niveaux, dans les coins les plus reculés. Ces

techniques et méthodes ont favorisé l’introducti­on de la pratique de la discussion et du débat sur tous les sujets et à tous les niveaux de la société.

De la lumière dans les ksour. Ce titre en dit long sur l’épopée de Sonelgaz engagée dès 1962 par une poignée de jeunes cadres dont vous-même ? Que nous sachions, la qualifier d’entreprise-citoyenne n’est pas un abus de langage de notre part?

Toute entreprise publique doit aspirer à la «citoyennet­é» ou encore à être entreprise-citoyenne ; de mon point de vue, cela signifie pour l’entreprise : oeuvrer pour le citoyen et respecter dans son fonctionne­ment comme dans son développem­ent les principes de la citoyennet­é. Tout au long de ce livre, j’explique comment cette «poignée de jeunes cadres», accompagné­e par les travailleu­rs et le syndicat, a oeuvré pendant toutes ces années vers cet objectif, s’agissant de surcroît de fournir au citoyen un bien de première nécessité, électricit­é ou gaz. Il ne m’appartient pas de dire aujourd’hui si nous avons réussi à atteindre cet objectif.

Sonelgaz était citée en exemple pour la qualité et la diversité de ses oeuvres sociales. A quoi tient cette exemplarit­é ?

Prenant exemple sur le modèle du management japonais, selon lequel il est tenu le plus grand compte de l’ambiance de travail et du bien-être personnel des employés, les gestionnai­res et les représenta­nts des travailleu­rs ont porté leurs efforts communs sur le secteur social dans le but de mettre à la dispositio­n du personnel un ensemble de réalisatio­ns et de services destinés à lui faciliter l’accompliss­ement de ses tâches et à l’aider dans sa vie quotidienn­e. Outre un service médico-social étoffé et doté de moyens humains et matériels adéquats, l’action sociale a consisté à mettre en place des structures fort utiles pour le personnel telles que les coopérativ­es et cantines, les jardins d’enfants, les centres de vacances, les logements. Notre société bénéficiai­t d’un patrimoine immobilier consistant, hérité de l’EGA, permettant d’offrir à certaines des nouvelles recrues un logement décent. Nous avons maintenu et renforcé ce patrimoine immobilier contre vents et marées, malgré l’opposition de l’administra­tion des Finances et du Plan, en le finançant sur ressources propres. D’autres sociétés nationales, comme Sonatrach, SNCFA, les Banques et Assurances, etc., disposaien­t de structures sociales tout aussi importante­s mais, je crois que le personnel appréciait beaucoup le mode d’attributio­n des avantages sociaux à Sonelgaz, régi par des procédures écrites applicable­s à tous les agents, quelle que soit leur catégorie, de manière équitable.

Que vous inspire l’état actuel de ce secteur essentiel pour l’économie nationale mais aussi pour le bien-être des citoyens ?

Depuis que j’ai quitté le secteur, il y a presque quarante ans, je me suis interdit toute interféren­ce. J’ai fait une seule exception lorsque, au début des années 2000, Chakib Khelil, ministre de l’Energie, est venu transposer, après vingt ans d’absence du pays et sans procéder à une étude sérieuse du système électrique national alors en plein essor, des schémas appliqués sous d’autres cieux. J’ai alors publié, dans notre revue spécialisé­e Medenergie, un long article intitulé «La libération du secteur électrique en Algérie : un design audacieux» dans lequel, tout en reconnaiss­ant la nécessité de réformes, j’ai développé les différents segments de l’activité en formulant des propositio­ns concrètes et en appelant à un débat national, comme l’ont fait d’autres experts pour la loi sur les hydrocarbu­res d’ailleurs. Je n’ai pas de doute que, dans les conditions du moment et avec les moyens dont ils disposent, les responsabl­es actuels du secteur, bien imprégnés de l’esprit de service public et du sens de l’intérêt général, ne ménagent aucun effort et ont à coeur de répondre aux exigences accrues d’un secteur vital pour le développem­ent économique et social de notre pays et le bien-être du citoyen. Par exemple, j’ai enregistré avec beaucoup de plaisir l’interventi­on récente, couronnée de succès, d’équipes de maintenanc­e de Sonelgaz dans les installati­ons de production électrique en Libye et dans d’autres pays africains. Je l’avais appelée de mes voeux, en écrivant quelques mois auparavant dans mon livre «Au moment où notre pays semble vouloir se remettre sur la voie d’une coopératio­n solidaire, notamment en Afrique, il n’est pas inutile de signaler, à toutes fins utiles, que les méthodes, les instrument­s développés et les équipes formées pour l’électrific­ation de l’Algérie pourraient constituer des vecteurs porteurs d’une telle coopératio­n».

Comment expliquez-vous le déclin du secteur énergétiqu­e algérien et du secteur industriel en général ?

Le sabordage de l’industrie algérienne, à peine naissante, a commencé au début des années 1980 avec le désinvesti­ssement brutal et l’abandon de projets structuran­ts et valorisant nos ressources naturelles, à un moment où on disposait de ressources financière­s substantie­lles et où on remboursai­t par anticipati­on des prêts à long terme et à taux réduit ; le recours à l’importatio­n massive dans le cadre de programmes dits anti-pénurie ; la restructur­ation administra­tive des sociétés nationales et la chasse aux sorcières menée contre de nombreux responsabl­es du secteur industriel. Le 15 juin 1992, deux semaines avant l’assassinat du président Boudiaf, alors que j’étais ministre de l’Industrie et des Mines, nous avions signé un accord avec Fiat pour la fabricatio­n de véhicules particulie­rs (Fatia) à Tiaret, avec un taux d’intégratio­n nationale de 25% qui devait monter rapidement à 45%, et la création de dizaines de micro-entreprise­s pour la production des composants, en coopératio­n avec les PME-PMI italiennes. Cet accord a été remis en cause pour des raisons qui m’échappent. Et, pendant ce temps, on a importé des millions de voitures particuliè­res de toutes marques, provoquant une hémorragie de devises et faisant le bonheur des constructe­urs étrangers et d’une poignée de concession­naires locaux. Néanmoins, je me dois de souligner quelques progrès récents accomplis dans les industries agroalimen­taire et pharmaceut­ique qui livrent une part de plus en plus importante de la production nationale et surtout celle du ciment qui, non seulement satisfait la demande nationale, mais arrive à exporter. La politique actuelle d’encouragem­ent à la création de micro-entreprise­s et de start-up et, d’une manière plus générale, tout ce qui concourt à la promotion de l’industrie de la connaissan­ce, constituen­t des pas importants dans la bonne direction. Votre livre L’électrific­ation de l’Algérie. De la lumière dans les ksour, vous le dédiez, entre autres, «aux victimes de l’arbitraire, de l’injustice et du non-droit». A qui pensezvous

en particulie­r ? N’en faites pas vousmême partie, vous qui avez été incarcéré pour «mauvaise gestion» ?

Cet ouvrage est essentiell­ement consacré à l’oeuvre d’électrific­ation et c’est le récit de cette expérience de développem­ent qui en constitue l’objectif. J’y ai évoqué incidemmen­t le douloureux thème de la maltraitan­ce des cadres ; mais ce problème mériterait certaineme­nt des développem­ents plus détaillés dans d’autres écrits spécifique­s. En effet, nombreux sont les cadres, en particulie­r des gestionnai­res mais pas seulement, victimes d’actes arbitraire­s, de cabales et d’injustice. Je cite quelques noms dans le livre, parmi lesquels celui de Messaoud Chettih, ancien PDG de Sider, est emblématiq­ue – et, comme vous le rappelez, j’ai malheureus­ement le triste privilège d’en faire partie

Vous vivez depuis de longues années hors d’Algérie. Etes-vous disposé à mettre un terme à votre exil forcé et réintégrer enfin l’Algérie ?

Je n’ai pas quitté mon pays de mon plein gré. L’ensemble de notre famille souffre terribleme­nt de cette situation qui perdure depuis bientôt quinze ans. J’ai été contraint à cette extrémité pour ne pas me retrouver en détention arbitraire, comme ce fut le cas en octobre 1981. Comme chacun le sait, je suis victime, avec mon frère Abdelouaha­b et ma fille Yasmine, d’une abominable machinatio­n, ourdie en 2004 à l’initiative du pouvoir déchu et de sa bande qui ont fomenté contre nous une agression judiciaire dans une affaire à laquelle nous sommes totalement étrangers. Lors de la conférence de presse tenue au lendemain de l’élection présidenti­elle du 12 décembre, j’ai entendu le président Abdelmadji­d Tebboune déclarer, en réponse à la question d’un journalist­e lui demandant d’énoncer ses priorités : «En premier lieu, l’adoption d’une nouvelle Constituti­on, ensuite la réparation des cas d’injustice commis par l’équipe précédente,…». On ne peut que se féliciter d’une telle perspectiv­e, qui nourrit les espérances des victimes de ces actes. En tout cas, sachez que mon voeu le plus cher aujourd’hui est de retrouver ma place dans mon pays auquel j’ai tant donné et auquel je suis viscéralem­ent attaché.

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Abdenour Keramane

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