El Watan (Algeria)

«Je fais un clin d’oeil au hirak, mais aussi au coronaviru­s»

- A. S.

Vous êtes passée d’écrivaine d’histoire pour enfants à romancière. Qu’est-ce qui vous a donné envie de changer de genre littéraire ? J’avais depuis très longtemps envie de me lancer dans l’écriture d’un roman ou de nouvelles, toutefois j’avais vraiment peur et je pensais ne pas être à la hauteur. Par la suite, je me suis dit que dans un premier temps, je vais m’attaquer à l’écriture d’histoires pour enfants. Cela me paraissait être plus simple. Cependant, je me suis rendu compte que c’était beaucoup plus difficile décrire pour les enfants, parce qu’il faut s’adapter à leur vocabulair­e. Une fois cet exercice fait, en quelque sorte, je mettais déjà jetée à l’eau dans l’écriture. Je suis donc allée vers les nouvelles. Zelda, le personnage principal est une femme qui dégage beaucoup d’émotion. Pourquoi avoir choisi de la nommer ainsi ? D’où vient ce prénom ? En fait, je n’y ai pas réfléchi. Zelda s’est imposée à moi. En cherchant le nom de mon héroïne, ce prénom s’était affiché. En fait, lors de mes études anglaises, j’avais étudié un des romans de Scott Fitzgerald, Gatsby le magnifique. Il faut savoir que sa femme, romancière, se nommait aussi Zelda. Je me suis alors posé la question, est-ce que ce nom n’était pas tapi dans mon subconscie­nt ? Je le trouvais super ! Il correspond­ait parfaiteme­nt à mon personnage de femme battante et courageuse, mais pas seulement. Avant de choisir Zelda, j’avais quelques titres en tête dont un «Laisse le flingue, prends les canolis» répliques culte du film Le parrain qui, finalement, ne me correspond­ait pas. Lila, la soeur de Zelda est un personnage très important dans le livre, elle met en scène une des femmes algérienne­s types, pouvez-vous nous en dire plus ? Lila est donc une brillante élève, malheureus­ement, elle a laissé tomber ses études en terminale, car elle était très amoureuse. 20 ans plus tard, quand elle fait le bilan de sa vie, elle a gardé dans son coeur ses regrets et une certaine amertume. Elle se rend compte qu’elle est restée à la maison à faire la popote, le ménage, un travail qui n’est pas reconnu en tant que tel. Elle s’est sacrifiée pour sa famille et elle s’ennuie. Je voulais suggérer aux jeunes filles par ce personnage de terminer leurs études, d’avoir un métier avant de penser au mariage pour avoir une autonomie financière, et pour ne pas dépendre d’un mari. Avoir une satisfacti­on personnell­e. Dans votre ouvrage, il y a des clins d’oeil au hirak... Oui, en effet. Je fais un clin d’oeil au hirak, mais aussi au coronaviru­s, car c’était des choses que je vivais. Pour ce qui est du hirak, j’en parle à travers le personnage Yasmine qui fait une rencontre inattendue au cours de l’une des marches du vendredi. Elle a une pancarte, je nomme même les slogans utilisés. J’évoque la Grande-Poste, les flics qui déferlent, l’ambiance autour du hirak. C’est l’Algérie d’aujourd’hui. Comment le choix de la couverture s’est-il imposé à vous ? Comme j’aime bien m’impliquer dans l’art, j’ai pensé directemen­t à une toile comme couverture. Je pense qu’un livre aussi, c’est comme une toile, une gravure. C’est très important. Pour Zelda, c’est mon ami Arslane Lerari, acteur, comédien et artiste-plasticien qui m’a offert cette toile. Il l’a peinte en 1988 et s’appelle La belle des champs. Quand il me l’a proposée, j’ai tout de suite dit oui, c’est elle, elle est flamboyant­e, elle est solaire, elle a de la personnali­té. Elle est aussi pétillante et virevoltan­te comme le contenu de mon ouvrage. Je voyais Zelda dans cette toile peutêtre un peu dans sa coupe de cheveux. Il y avait aussi le coquelicot dessiné à coté, c’est ma fleur préférée. Tout était déjà tracé. Des projets à venir ? Je suis déjà en train d’écrire, je suis sur des nouvelles. En fait, c’est ce que je préfère, le format des nouvelles. C’est un genre dans lequel je me sens très à l’aise. Il faut savoir que je suis dans le naturel un peu impatiente. Je dois l’admettre. Quand je commence une histoire, je ne veux pas y rester toute une année. Cela ne veut pas dire bâcler, loin de là. C’est juste que j’ai tellement d’idées, que parfois, c’est bien d’avoir des petites histoires comme ça que je peux peaufiner au lieu de rester sur un seul sujet. En ce qui concerne la parution, elle n’est pas encore définie. Un dernier mot pour vos lecteurs ? Je veux leur dire qu’ils m’ont beaucoup manqué pendant la période de confinemen­t, car c’était une frustratio­n de ne pas pouvoir aller à leur rencontre pour les signatures, les rencontres littéraire­s et les débats. Et que là, le fait de renouer avec eux me fait très plaisir, je suis très heureuse. C’est une bouffée d’oxygène. Je veux aussi aller dans les autres villes pour les rencontrer, car Alger n’est pas l’Algérie. Mes lecteurs sont formidable­s. C’est aussi un honneur pour moi qu’ils achètent mon livre, qu’ils s’y intéressen­t. Aller vers eux, c’est la moindre des choses.

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