La participation, enjeu secondaire ?
● La désaffection des électeurs pourrait être encore plus importante ● Et pour cause, rien ne semble être fait, depuis le début du hirak du 22 février 2019 pour restaurer la confiance des Algériens pour les amener à croire à «un changement par les urnes».
Des «indus élus» ! L’Assemblée populaire nationale (APN) pourrait accueillir au mois de juin prochain des députés mal élus. Et cela est très plausible, au regard des données politiques du moment. En effet, les législatives anticipées prévues pour le 12 juin prochain se dérouleront pratiquement dans les mêmes conditions ayant prévalu, du moins, durant les deux dernières échéances électorales : la présidentielle du 12 décembre 2019 et le référendum sur la révision constitutionnelle du 1er novembre 2020. La désaffection des électeurs pourrait être encore plus forte. Et pour cause, rien ne semble être fait, depuis le début du hirak du 22 février 2019, pour restaurer la confiance des Algériens pour les amener à croire à «un changement par les urnes».
Mais ce fait ne semble pas inquiéter outre mesure le pouvoir et la foule des participationnistes, renforcés cette fois-ci par une cohorte d’indépendants se réclamant de la «société civile». Ils tentent, en tout cas, de préparer le terrain pour légitimer les prochaines législatives, même avec une faible participation. De nombreux intervenants, parmi les responsables des partis engagés dans la prochaine compétition électorale, se sont inscrits dans cette ligne. Craignant, sans doute, une disqualification, ils estiment que le «taux de participation importe peu», en faisant référence à ce qui s’est produits ailleurs, y compris dans les pays les plus démocratiques. Ils tentent ainsi d’affiner leurs argumentaires, avant même le début de la campagne électorale : «La tendance mondiale est ainsi faite ; les électeurs ne participent pas massivement aux législatives», affirment certains. «Le taux de participation sera dans les 40%», prédisent d’autres. Plus fatalistes, certains acteurs avancent l’argument selon lequel «l’essentiel, c’est une élection sans fraude». Ces derniers paraphrasent le président de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), Mohamed Charfi qui avait déclaré, en novembre dernier, que «désormais, nous avons une Constitution halal». Cette déclaration a été faite pour défendre les résultats du référendum sur la révision de la Constitution qui a enregistré le plus faible taux de participation dans l’histoire des scrutins en Algérie (23,7%). Si Mohamed Charfi était dans son rôle de défendre le bilan de l’Autorité à la tête de laquelle il a été désigné, un tel argument devrait être banni par des chefs des partis qui aspirent à gagner l’élection et un maximum de sièges à l’APN. Une forte abstention serait, en principe, une gifle politique pour eux, car ils n’auront pas réussi à convaincre les Algériens qu’ils sont censés représenter au Parlement. Mais pas seulement. La bouderie des urnes par les électeurs les disqualifiera davantage. A part, peut-être, le prestige éphémère de siéger à l’APN, ces acteurs politiques sortiront avec une image plus ternie aux yeux de l’opinion nationale. Pourquoi alors accepter de siéger dans une APN en mal de légitimité, lorsque l’on tente de faire croire que les prochaines législatives amorceront le début du changement ? Pourquoi participer à une élection si on sait d’avance qu’on ne pourra pas convaincre les électeurs ?