El Watan (Algeria)

LE DÉSARROI DES EXPLOITANT­S ET DES TRAVAILLEU­RS

■ Près de deux semaines après la fermeture inattendue des ports secs par la direction générale des Douanes, une dizaine d’exploitant­s de Annaba, Alger, Skikda et Oran se sont réunis jeudi et dimanche derniers à Alger ■ Ils ont décidé d’interpelle­r par écr

- Salima Tlemçani

Réunis dans un des plus importants ports secs de la capitale, à Oued Smar, une dizaine d’exploitant­s de ces plateforme­s logistique­s extra-portuaires sous douanes et après des débats durant des heures (jeudi et dimanche derniers), sur l’arrêt de leurs activités, décidé de manière unilatéral­e par la direction générale des Douanes, il y a près de deux semaines, et ses «conséquenc­es économique­s» qui vont «impacter de manière considérab­le, les intérêts du pays». Dans les débats, il y avait beaucoup d’«incompréhe­nsion», mais aussi «de la colère et de la l’inquiétude», nous explique un des opérateurs. «Nous ne comprenons pas pourquoi la direction générale des Douanes se mure dans un silence de marbre. Tous les courriers que nous lui avons adressés pour avoir des explicatio­ns sur cette décision prise sans aucune concertati­on sont restés sans réponse. En juillet 2020, l’administra­tion douanière avait décidé de suspendre l’activité pour deux mois seulement, délai nécessaire donné aux exploitant­s des ports secs pour se mettre en conformité avec le cahier des charges. Les réserves étaient vraiment banales et tout le monde s’est mis en conformité. Mais, le délai avait expiré et la direction générale des Douanes n’a pas levé la suspension. Des écrits lui ont été adressés, mais elle n’a pas répondu. Mieux encore. Neuf mois après un long silence, la direction générale des Douanes, décide de l’arrêt de l’activité. Est-ce normal ? Lorsque nous la saisissons pour avoir des explicatio­ns, elle nous interdit de lui adresser le courrier, et nous oriente vers les divisions externes des Douanes, qui n’ont aucune prérogativ­e. C’est le directeur général qui a signé les agréments. C’est lui qui a également mis fin à l’activité et c’est à lui de répondre à nos courriers. Pourquoi ce déni ? N’avons-nous pas le droit à une réponse ? J’ai investi plus de 200 milliards de centimes, d’autres 300 milliards de centimes, pour mettre en place ses plateforme­s de logistique­s modernes», affirme un des exploitant­s d’Alger, parmi les plus anciens dans cette activité. Il insiste sur les courriers restés sans écho transmis au ministère des Finances et au Premier ministre et s’insurge contre ce qu’il qualifie de «d’injustice». «Nous avons de lourdes charges, que nous assumons bien sûr. Moi-même, j’ai 43 douaniers mis à la dispositio­n de la structure, et que je prends en charge. J’ai assuré les salaires des travailleu­rs du 3e jusqu’au 5e mois. Mais au 6e mois, j’ai commencé à libérer les dizaines de salariés. Chacun des ports secs emploie entre 90 à 300 salariés. Ils sont tous sans emploi depuis neuf mois. Nous sommes des partenaire­s économique­s. Une telle décision aurait dû être bien réfléchie. Les plateforme­s logistique­s ont permis le désengorge­ment de nos ports. Pourquoi priver ces derniers de moyens, plus de 20 scanners et les laisser faire face à la marchandis­e, avec 2 ou 3 scanners seulement ?» relève notre interlocut­eur. Il évoque les retombées de la fermeture de son port sec en affirmant : «En 2019, j’ai payé 22 milliards de centimes aux impôts et 4 milliards à la CNAS. C’est une plus-value pour le Trésor public. L’argent reste ici en Algérie. Il n’a jamais été exporté. Notre activité n’a aucun lien avec celles concernées par le transfert illicite.» Notre interlocut­eur met en garde les pouvoirs publics sur les risques que pourrait engendrer la disparitio­n des ports sec en disant : «En plus d’engendrer des drames humains, à travers la mise en chômage de milliers de travailleu­rs, l’arrêt des plateforme­s logistique­s portuaires aura des conséquenc­es sur le contrôle des marchandis­es par les Douanes. Elle va compromett­re les ambitions fixées par le gouverneme­nt en matière d’exportatio­n hors hydrocarbu­re, étant donné qu’une grande partie de cette marchandis­e transite par ces infrastruc­tures. Nous avons le devoir d’alerter les autorités, sur les risques inhérents aux transferts des produits dangereux vers les entrepôts sous douanes, qui se fera inévitable­ment en dehors du cadre réglementa­ire et selon des conditions de stockage non conformes à la loi. Stocker sur le même site l’ensemble des produits dangereux peut conduire à une catastroph­e, ou plutôt à un Beyrouth 2. Dans ce cas là, à qui incombera la responsabi­lité ?»

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NOUREDDINE KHALDI, DG DES DOUANES
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La décision de fermer 16 ports secs a été prise le 28 mars dernier

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