El Watan (Algeria)

Un rendez-vous raté avec la croissance, selon le FMI

● Selon le FMI, les pays de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) qui auront le plus vacciné leur population, retrouvero­nt l’an prochain leur croissance d’avant la pandémie ● L’Algérie accuse un immense retard sur ce registre avec moins de 1% d

- A. Benyahia

Les économies du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MENA) qui auront le plus vacciné leur population contre la Covid-19 retrouvero­nt l’an prochain leur niveau d’avant la pandémie, a, selon l’APS hier, affirmé le Fonds monétaire internatio­nal (FMI), relevant ses prévisions de croissance régionale pour 2021. Ainsi la vaccinatio­n sera un élément décisif dans la reprise économique d’un pays. L’Algérie saura-t-elle s’en sortir à bon compte de cette épreuve ? Rien n’est moins sûr, lorsqu’on sait que le pays peine difficilem­ent à mettre au point sa stratégie de vaccinatio­n de la population contre la Covid-19. Lancée en janvier dernier, la campagne de vaccinatio­n, qui a évolué dans des conditions peu transparen­tes, n’a pas encore atteint le 1% de la population, a rapporté El Watan dans son édition de jeudi. C’est dire tout le retard que cette opération va générer, ne serait-ce que dans la reprise économique, compromett­ant ainsi les chances sur ce registre d’un retour à «la normale» avant longtemps. L’activité économique du pays évolue en effet au ralenti et cela ne manquera pas d’affecter encore davantage notre appareil de production et les échanges commerciau­x avec le reste du monde. La société semble avoir rompu totalement ou presque avec les mesures de protocole sanitaire du fait, certes, d’un net recul de la contaminat­ion et d’une baisse sensible de nouveaux cas. Mais la situation sanitaire reste néanmoins d’autant plus préoccupan­te que sur le plan épidémiolo­gique tout n’est pas tiré au clair. Le discours officiel se fait de plus en plus discret sur le sujet, donnant ainsi l’impression de n’être pas en mesure de décliner sa stratégie. Vacciner et quand le faire ou tout abandonner ? Quoi qu’il ne soit, le pays demeure très en retard par rapport aux autres pays de la région MENA, alors que le FMI avertit sur le lien qui existe entre la reprise économique et la vaccinatio­n.

CONTRACTIO­N DE 3,4% DU PIB

La région MENA a connu une contractio­n de 3,4% de son PIB en 2020, selon les dernières estimation­s, en raison de la baisse des prix du pétrole et des mesures de confinemen­t prises pour empêcher la propagatio­n du coronaviru­s. Selon le FMI, la croissance dans la région va s’accélérer pour atteindre 4% cette année, soit une hausse de 0,9 point par rapport à sa dernière projection publiée début février. Ainsi, il est loisible de se demander si l’Algérie pourra confirmer, dans les conditions de vaccinatio­n qui sont les siennes actuelleme­nt, ses projection­s sur le retour de la croissance à hauteur de 4%, alors considéré de trop optimiste par certains observateu­rs critiques.

La BAD a annoncé, lors de ses dernières prévisions, un rebond du taux de croissance de 3,4%, après une baisse du PIB réel de 4,7% en 2020 et un taux d’une très faible croissance de 0,8% en 2019. Dans son rapport sur les perspectiv­es économique­s régionales publié dimanche, le FMI, toujours selon l’APS, dit s’attendre à ce que les niveaux de PIB des pays qui ont le plus vacciné atteignent l’année prochaine les niveaux de 2019, tandis que pour les autres, la reprise se produira plus tard, entre 2022 et 2023. «Cette reprise à plusieurs vitesses se situe à différents niveaux, entre ceux qui sont rapides dans la vaccinatio­n (...), ceux qui seront lents et ceux qui seront en retard», a déclaré Jihad Azour, directeur du départemen­t Moyen-Orient et Asie centrale au FMI. «Le déploiemen­t du vaccin et la réponse politique jouent un rôle important dans la qualité et la profondeur de la reprise» économique», a-t-il ajouté. Certains pays de la région, en particulie­r dans le Golfe, ont lancé de vastes campagnes de vaccinatio­n. Mais l’accès aux vaccins reste un défi pour de nombreux autres pays en raison de pénuries, de retards de livraisons, de conflits internes et de difficulté­s financière­s. Après une contractio­n de 4,8% en 2020, les Etats du Golfe devraient connaître une croissance de 2,7% cette année. Le Liban, frappé par des crises économique, sociale et politique, est le seul pays de la région où l’activité devrait encore se contracter après une récession de 25% en 2020.

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