El Watan (Algeria)

Téhéran met en garde Israël

N En riposte au retour des sanctions enclenché par M. Trump, l’Iran s’est affranchi depuis 2019 de la plupart de ses engagement­s pris à Vienne en 2015.

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L’Iran a affirmé hier que sa décision d’enrichir l’uranium à hauteur de 60% était sa «réponse» au «terrorisme nucléaire» d’Israël, après l’explosion survenue dimanche dans son usine d’enrichisse­ment de Natanz, dans le centre du pays. Téhéran a annoncé, mardi soir, qu’il allait désormais porter le seuil maximal de ses activités d’enrichisse­ment d’uranium en isotope 235 de 20% à 60%, ce qui rapprocher­ait la République islamique des 90% nécessaire­s à une utilisatio­n militaire. Alors que se déroulent dans la capitale autrichien­ne des négociatio­ns en vue de sauver l’accord sur le nucléaire iranien conclu en 2015 à Vienne, le président Hassan Rohani a néanmoins réaffirmé, hier, selon l’AFP qui a rapporté l’informatio­n, que les ambitions atomiques de son pays étaient exclusivem­ent «pacifiques».

L’Allemagne, la France et la Grande-Bretagne, Etats européens parties à l’accord de Vienne, n’en ont pas moins qualifié l’annonce de Téhéran de «développem­ent grave» et de «contraire à l’esprit constructi­f» des discussion­s, en notant que «la production d’uranium hautement enrichi est une étape importante pour la production d’une arme nucléaire». Ce à quoi le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, a semblé répondre sur Twitter que la seule façon de sortir de la «spirale dangereuse» enclenchée par l’explosion de Natanz était d’en finir avec le «terrorisme économique» de l’ex-président américain, Donald Trump. En sortant son pays de l’accord de Vienne, celui-ci a réactivé des sanctions punitives contre l’Iran, qui ont plongé le pays dans une violente récession. Son successeur, Joe Biden, n’a pas «d’autre alternativ­e» que de revenir au respect de l’accord de Vienne ou de poursuivre sur la même ligne que M. Trump, écrit M. Zarif pour qui, il ne reste que «peu de temps».

Selon Téhéran, la production d’uranium enrichi à 60% devrait commencer «la semaine prochaine» (soit à partir de samedi en Iran) à l’usine d’enrichisse­ment d’uranium du complexe nucléaire de Natanz, endommagée par l’explosion de dimanche. Les autorités iraniennes, qui avaient d’abord fait part d’un «accident» ayant causé une «panne de courant», n’ont fourni que peu de détails sur les dégâts, mais un nombre indétermin­é de centrifuge­uses (utilisées pour enrichir l’uranium à l’état gazeux) semble avoir été abîmé. Téhéran a en revanche rapidement accusé Israël, ennemi juré de la République islamique, d’être derrière l’explosion. Selon le New York Times, les Israéliens seraient impliqués dans l’opération, menée à l’aide d’une bombe introduite «clandestin­ement» à l’intérieur de l’usine.

Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, est un adversaire acharné de l’accord de Vienne. Il assure que République islamique – dont le guide suprême Ali Khamenei qualifie Israël de «tumeur cancéreuse maligne» devant être «éradiquée» – représente une menace existentie­lle pour son pays. Il accuse l’Iran de chercher à se doter de la bombe atomique en secret, ce que Téhéran a toujours nié, et que l’accord de Vienne met en danger son pays. Israël passe pour être le seul Etat doté de la bombe atomique au Proche et au Moyen-Orient.

La décision d’enrichir à 60% est «la réponse à votre malveillan­ce», a déclaré M. Rohani en Conseil des ministres. «Ce que vous avez fait s’appelle du terrorisme nucléaire, ce que nous faisons est légal», a-t-il lancé dans une allusion à Israël. «Pour chaque crime, nous vous couperons les mains», a prévenu M. Rohani, alors que l’escalade entre la République islamique et Israël inquiète la communauté internatio­nale. Depuis début mars, plusieurs attaques de navires iraniens ont été attribuées à Israël, tandis que plusieurs bateaux israéliens semblent avoir été visés par des attaques iraniennes. Mardi, une chaîne israélienn­e a rapporté qu’un bateau israélien avait été la cible d’une attaque près des côtes émiraties, au large de l’Iran. Berlin, Londres et Paris ont mis en garde hier contre toute «escalade par quelque acteur que ce soit».

Aniss Z.

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Téhéran accuse Israël d’être derrière l’explosion qui a ciblé son complexe nucléaire de Natanz

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