Rétrospective d’un projet décrié
La prison de Oued Ghir a été un projet qui a fait parler de lui lorsque les autorités l’avaient annoncé en 2005, pour une région qui avait soif de développement et qui n’avait pas fini de panser ses blessures du sanglant Printemps noir.
Le chantier lancé en 2008, la prison a poussé, en moins de trois ans, sur un vaste terrain de dix hectares extraits de terres agricoles longeant la RN12, ce qui avait irrité la population. Elle a coûté au Trésor public, officiellement, plus de deux milliards de dinars, sans ses équipements, et, officieusement, le double de ce montant. En 2011, elle fait le plein de ses pensionnaires. Tayeb Belaïz, alors ministre de la Justice et garde des Sceaux, l’avait inaugurée le 24 novembre 2010. «Un centre pénitencier nettement au-dessus des normes internationales», «un centre de rééducation ultra moderne doté d’infrastructures et d’équipements de santé, de sports, de loisirs et d’éducation», se targuaient les autorités. Dans la foulée, on l’a qualifié de prison digne d’un «hôtel 4 étoiles», avec un taux d’occupation de 12 m2 par détenu, ce qui invitait à faire oublier l’enfer des deux mètres carrés de la «cage» d’El Khemis, dans la ville de Béjaïa, où séjournent plus de 400 mineurs et femmes. Une structure classée «orange» après le dernier séisme, selon un geôlier. Les «atouts» de la prison de Oued Ghir avaient de quoi vouloir se faire écrouer, tant celle-ci se proposait d’offrir du «bonheur» au millier de prisonniers qu’elle peut contenir, soit quatre fois plus que la prison d’El Harrach. Elle était la troisième infrastructure du genre à avoir été réceptionnée parmi les 13 que Bouteflika offrait aux Algériens.