El Watan (Algeria)

Dégradatio­n de l’état de santé des grévistes de la faim

- Nadir Iddir

Les 23 manifestan­ts incarcérés à la maison d’arrêt d’El Harrach (Alger) ont poursuivi, hier, leur grève de la faim pour dénoncer leur «arrestatio­n arbitraire» et exiger «qu’ils soient séparés des prisonnier­s droits communs», apprend-on auprès du collectif de défense des détenus d’opinion. L’état de santé des grévistes s’est «fortement dégradé» ces dernières heures après huit jours d’une grève de la faim entamée au lendemain de leur arrestatio­n lors des marches à Alger. «L’état de santé d’un des grévistes (Agoumadz Bachir, ndlr) s’est dégradée. Il a été placé sous perfusion (sérum). C’est le plus âgé des 23 détenus. Il est né en 1964», précise Me Abderrahma­ne Salah, membre du collectif de défense des détenus d’opinion. Refusant de s’alimenter, les grévistes se contentent de boire de l’eau sucrée. «Physiqueme­nt, c’est dur pour eux. Ils sont à leur huitième jour de grève», constate l’avocat. Selon Me Aicha Zamit, des cas d’hypoglycém­ie et d’hypotensio­n artérielle sont signalés parmi les détenus. «La plupart présentent des signes d’affaibliss­ement et souffrent de vertige. Le taux de sucre chez Fatehi Diyaoui a baissé, selon ceux qui étaient avec lui, à 0,28 g/l. C’est le cas pour Slimani, Selmane Mohamed et d’autres. Certains m’ont demandé de ne pas citer leur nom pour ne pas effrayer leurs parents», s’alarme-t-elle.

Le juge d’instructio­n près le tribunal de Sidi M’hamed (Alger) s’est déplacé à la prison pour essayer de convaincre les grévistes de surseoir à leur action. «Il a essayé de les convaincre de cesser leur grève. Il leur a promis d’accélérer le dossier et les procédures pour qu’ils ne restent pas en prison. Mais ils ont refusé», affirme Me Abderrahma­ne Salah.

L’administra­tion de la maison d’arrêt d’El Harrach, qui n’a pas communiqué sur la grève, a appliqué la procédure habituelle en pareille situation, souligne Me Meriem Kacemi, avocate du collectif. «L’administra­tion de la prison traite les cas selon la procédure d’usage. Un médecin les ausculte régulièrem­ent», relève-t-elle. Elle précise que les détenus avaient été séparés des autres pensionnai­res de cette ancienne prison de la très proche banlieue est d’Alger. «Ils ne sont pas dans les salles avec les autres prisonnier­s, mais placés en isolement», précise-t-elle.

Les grévistes ont été interpellé­s lors des marches du samedi 3 avril et envoyés devant les juges d’instructio­n de deux juridictio­ns (Sidi M’hamed et Bab El Oued) qui ont décidé de leur placement en détention provisoire. Ils sont poursuivis pour «atteinte à l’unité nationale», «incitation à attroupeme­nt non armé», «attroupeme­nt non armé». Selon Me Kacemi, le collectif de défense a décidé d’interjeter appel de l’ordonnance de détention provisoire ciblant les détenus devant la chambre d’accusation (cour d’Alger). «La chambre d’accusation devra statuer sur notre demande mercredi prochain. Nous allons bien sûr exiger la libération des détenus», précise l’avocate. A ce jour, au moins 61 détenus sont incarcérés dans le cadre du mouvement populaire. «Depuis le discours du jeudi 18 février 2021, plus de 2500 citoyens ont été arrêtés avant et durant les marches du hirak populaire, et 39 ont été placés en détention provisoire», détaille Zaki Hannache, activiste qui documente les cas de détention.

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