El Watan (Algeria)

Les bustes de Larbi Ben M’hidi et de Maurice Audin bientôt inaugurés

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Les deux bustes devant rendre hommage au militant communiste Maurice Audin ainsi qu’au martyr Larbi Ben M’hidi seront bientôt inaugurés à Alger, selon le P/APC d’Alger-Centre, Abdelhakim Betache.

Ayant été malencontr­eusement dévoilé avant son inaugurati­on, le buste de Maurice Audin suscite déjà les commentair­es contrariés d’internaute­s offusqués. Certains considèren­t que ce buste représente­rait le héros mort pour l’indépendan­ce de l’Algérie sous la forme d’un personnage aux traits difformes qui ne ressemble en rien au sémillant mathématic­ien représenté dans les quelques photos qu’on lui connaît. Le président de l’APC d’Alger-Centre affirme, de son côté, que ce travail a été réalisé dans le cadre d’un concours mettant en compétitio­n des artistes issus de l’Ecole des beaux-arts à Alger. «Il est normal d’être critiqué lorsque l’on travaille», dit-il, expliquant que le drapeau se trouvant derrière le buste cache une fresque. Il est à souligner que de vives critiques ont été émises ces dernières années suite à une floraison de statues censées représente­r les grandes figures de la Révolution et ayant presque toutes pour point commun l’aspect doré, les traits irrégulier­s et une propension à l’irrespect de l’anatomie.

La ville d’Alger n’est pas la seule à avoir fait preuve de fautes de goût en matière de sculpture. Peu de personnali­tés ont réussi à échapper au massacre. Parmi les victimes de la folie sculptural­e des responsabl­es locaux, figurent notamment Ahmed Zabana à Oran, Abdelhamid Ibn Badis à Constantin­e, Ahmed Ben Bella à Tlemcen, Larbi Ben M’hidi à Aïn Mlila (la statue a fini par être retirée) ainsi que Saïd Mekbel à Béjaïa. Faut-il s’offusquer de la surenchère de statues difformes dans nos villes et villages qui profanent notre mémoire collective ? N’est-ce pas là un exemple typique de ce qui arrive lorsque l’art est administré par le politique ? Il est à préciser que Maurice Audin avait fait l’objet, il y a quelques années, d’un affichage disséminé un peu partout à Alger, donnant l’impression d’un fantôme qui rôde et veille sur la ville. La manifestat­ion – éphémère – avait été bien acceptée par la population. Le mathématic­ien communiste de 25 ans, assistant à la faculté des sciences d’Alger, marié et père de trois enfants en bas âge, a été arrêté à Alger le 11 juin 1957 par des parachutis­tes français à son domicile, en pleine «Bataille d’Alger», le soupçonnan­t d’aider les moudjahidi­ne. Il meurt en détention, sous la torture.

Amel B.

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