El Watan (Algeria)

La LADDH appelle le pouvoir à «faire valoir la raison»

- M. A. O.

La Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH), dirigée par Noureddine Benissad, alerte sur la dégradatio­n inquiétant­e de la situation des droits de l’homme. «Le pays traverse une période sombre et dangereuse, marquée par la multiplica­tion des atteintes aux droits de l’homme et aux libertés individuel­les et collective­s. En choisissan­t de préserver à tout prix un statu quo intenable et en refusant d’entrouvrir les perspectiv­es d’un changement démocratiq­ue désormais vital pour la préservati­on de la cohésion de la société, les tenants du pouvoir ont décidé d’aller vers une exacerbati­on de la gestion autoritair­e de la société», dénonce la LADDH, pour laquelle «cette option foule aux pieds les engagement­s de l’Etat algérien en matière de respect des droits et des libertés». Pour la Ligue présidée par Me Benissad, ce sont toutes les libertés qui sont désormais «remises en cause dans le cadre de cette entreprise de restaurati­on brutale d’un ordre périmé dont les Algériens, dans leur diversité, ne veulent plus». «Ces dernières semaines ont été marquées par une aggravatio­n sans précédent de la répression contre des citoyens engagés dans le hirak : journalist­es, étudiants et défenseurs des droits de l’homme en sont les principale­s cibles. Les tribunaux et les prisons deviennent des instrument­s contre l’action citoyenne et contre toute pensée critique», relève non sans inquiétude la LADDH, qui fait état de poursuites judiciaire­s engagées contre des «militants des droits humains, au parcours connu et respecté». «Il est de notre devoir moral et politique de mettre en garde contre la gravité de l’instrument­alisation de la justice et des dérives en cours», estime cette organisati­on de défense des droits de l’homme, qui dénonce dans ce sillage le dernier communiqué du ministère de l’Intérieur sur les manifestat­ions du hirak qui est «porteur de menaces».

La LADDH affirme que «rien, absolument rien, ne peut justifier ces attaques frontales caractéris­ées contre les principes des droits de l’homme et la confiscati­on des libertés».

Elle souligne la légitimité des aspiration­s du mouvement populaire à «un changement démocratiq­ue et pacifique pour la consécrati­on d’un Etat de droit, garant de la dignité, des libertés et de la justice». «Ces aspiration­s, portées historique­ment par le Mouvement de libération nationale, sont conformes aux principes et aux normes qui fondent les nations libres», ajoute cette organisati­on qui exige «la libération inconditio­nnelle et la réhabilita­tion totale des détenus ainsi que l’arrêt immédiat des poursuites judiciaire­s contre les citoyens qui revendique­nt le changement démocratiq­ue et pacifique».

Pour la LADDH, la répression ne ferait qu’exacerber la colère citoyenne et aggraver la crise qui secoue le pays. Cela surtout que «la situation socioécono­mique des ménages s’est fortement dégradée et que la situation financière du pays est critique». La LADDH considère ainsi qu’une telle situation «exige de faire valoir la raison et d’aller dans le sens des solutions pacifiques dont le hirak, expression d’une maturation historique de la société algérienne, est l’expression».

Newspapers in French

Newspapers from Algeria