MARCHE EMPÊCHÉE À BÉJAÏA
Les autorités passent à l’acte après l’exigence, dimanche, par le ministère de l’Intérieur, de soumettre l’organisation de toute marche au préalable d’une autorisation administrative. La marche de ce que l’on désigne faussement comme «la communauté universitaire» a été interdite hier à Béjaïa, quelques minutes à peine après son entame. La manifestation a réussi à démarrer de l’intérieur du campus de Targa Ouzemmour aux pas d’un modeste groupe de manifestants regroupés dans un seul carré et scandant les slogans habituels du mouvement. Comme d’habitude depuis quelques mois, ce sont quelques membres plus ou moins connus de la «société civile» qui sont venus à la rescousse des étudiants, pour pallier leur démobilisation et former l’essentiel des marcheurs. Quelques centaines de mètres plus loin du point de départ, à proximité du stade de l’Unité maghrébine, la police est intervenue pour demander aux manifestants de libérer la voie et d’arrêter leur action au motif qu’elle n’est pas autorisée, donnant suite au dernier communiqué du ministère de l’Intérieur qui a menacé que, désormais, les manifestations de rue ne répondant pas à cette nouvelle exigence procédurale seront sujettes à «un traitement en
conséquence». Après avoir fait reculer leur fourgon cellulaire qui barrait la voie permettant à la marche de se prolonger de quelques pas, les policiers ont formé une haie humaine empêchant les manifestants d’avancer, avant de procéder à leur dispersion. «Les étudiants ne sont
pas des voyous !», ont scandé les quelques marcheurs. «Silmiya, silmiya !» ont-ils aussi crié. Dans la foulée, plusieurs d’entre eux ont été embarqués. Le groupe tente de se reconstituer. Il libère la voie et marche sur le trottoir en brandissant une banderole réclamant une
«Algérie algérienne» et revendiquant «Le départ du système». D’autres arrestations ont eu lieu, dissipant du coup la marche. L’intervention de la police pousse à poser la question de savoir si les autorités réserveront le même traitement à la marche de ce vendredi, qui ne fera, sans aucun doute, pas l’objet de demande d’autorisation, si toutefois elle a lieu, puisqu’elle risque de coïncider avec l’Aïd.