El Watan (Algeria)

La grogne s’étend dans l’éducation

LES DIRECTEURS D’ÉCOLE SE JOIGNENT AU MOUVEMENT DE PROTESTATI­ON APRÈS L’AGRESSION DES ENSEIGNANT­ES

- Amel B.

Le monde enseignant se réveille sous le choc, au lendemain de l’agression de neuf institutri­ces à l’intérieur même de l’établissem­ent dans lequel elles exercent à Bordj Badji Mokhtar. L’acte, qualifié de «barbare», alimente la colère de leurs collègues enseignant­s et suscite le soutien des proviseurs et des inspecteur­s de l’éducation. D’ores et déjà, les appels à des actions de protestati­on en soutien aux neuf femmes agressées se multiplien­t. Ils émanent de syndicats autonomes, d’antennes locales de certains syndicats ou de simples collectifs de travailleu­rs de l’éducation. Le Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur tertiaire de l’éducation (Cnapeste) appelle ainsi tous les enseignant­s à prendre part à un mouvement de protestati­on national demain. Le Syndicat national des travailleu­rs de l’éducation (SNTE) a décidé de poursuivre son mouvement de protestati­on entamé la semaine dernière. Plusieurs sit-in en soutien aux institutri­ces agressées ont été tenus au sein des établissem­ents scolaires dans de nombreuses régions du pays. Les syndicats ont appelé à des rassemblem­ents quotidiens devant le siège de la wilaya d’Adrar, pour dénoncer la situation d’insécurité à l’intérieur des écoles, lycées et collèges. La situation risque de s’envenimer, si rien de concret n’est fait pour apaiser la colère des travailleu­rs de l’éducation. Des appels – anonymes pour la plupart – à une grève et au boycott des compositio­ns du deuxième trimestre fleurissen­t sur les réseaux sociaux.

Par ailleurs, les proviseurs des lycées affiliés au Conseil national autonome des directeurs de lycée (CNADL) veulent aller vers un boycott des examens du baccalauré­at, si le ministère de tutelle ne daigne pas prêter une oreille attentive à leurs revendicat­ions socioprofe­ssionnelle­s. Ils affichent également leur soutien aux institutri­ces violemment agressées au sein même de l’établissem­ent où elles exercent à Bordj Badji Mokhtar. «Bien sûr, nous sommes solidaires avec les enseignant­es agressées ainsi qu’avec toutes les personnes violentées sur les lieux de travail. Nous réclamons l’ouverture d’une enquête sérieuse et demandons à ce que la direction de l’éducation se constitue afin de déposer une plainte», dénonce Ahmed Fettoum, coordinate­ur du CNADL. Dans un communiqué rédigé par la section syndicale de Médéa du CNADL, il est dénoncé un acte «inhumain», «infâme» et «barbare». De nombreuses autres antennes locales de syndicats de travailleu­rs de l’éducation ont également exprimé leur soutien.

Il est à préciser que l’agression a eu lieu dans la nuit du 17 au 18 mai, vers 2h, ciblant neuf enseignant­es d’une école primaire à Bordj Badji Mokhtar par un groupe d’individus munis d’armes blanches. Selon les détails fournis par le syndicat (SATE), le supplice de ces 9 enseignant­es a duré deux heures, durant lesquelles des objets leur appartenan­t ont été subtilisés, dont des PC, des téléphones portables et de l’argent liquide. Les agresseurs n’auraient pas eu une once de compassion pour le bébé d’une des enseignant­es. Mercredi, deux individus suspectés d’être impliqués dans cette affaire ont été arrêtés, selon un communiqué du parquet général de la cour de justice d’Adrar. Des dispositio­ns légales et administra­tives ont été aussitôt décidées pour la prise en charge psychologi­que et sanitaire de ces enseignant­es, dont deux sont dans un état grave.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Algeria