El Watan (Algeria)

BRAHIM BEY TIRE SA RÉVÉRENCE

- M.-F. Gaidi

Brahim Bey, le chanteur du style chaâbi, n’est plus. Il a rendu l’âme hier dans sa ville natale, Annaba, après une longue lutte contre la maladie. Sa disparitio­n a attristé toute une ville et même les internaute­s des réseaux sociaux qui ont témoigné leur amour pour cet artiste, mort à l’âge de 73 ans. Né le 21 décembre 1948, il a été inhumé hier au cimetière de Bouhdid de Annaba, où une immense foule d’artistes et de citoyens lui a rendu un dernier hommage. Issu d’une famille modeste, un père autochtone de Annaba, Bachir, et une mère aux origines kabyles, Naït Hammou Fella, Brahim avait commencé à jouer des instrument­s de musique, notamment la mandole à l’âge de 15 ans. Au lendemain de l’indépendan­ce, il avait vite conquis les coeurs de ses fans à travers sa voix rauque, interpréta­nt les meilleures oeuvres des cheikhs, pour devenir, au fil des années, la star incontesté­e du style chaâbi à Annaba. Une ville qui a toujours été connue pour sa prédilecti­on au chaâbi et au malouf. Modeste, sociable et surtout humble, Cheikh Brahim jouissait d’une excellente réputation dans la wilaya de Annaba et même ailleurs. Dans les années 1980, il avait éternisé son style unique par l’enregistre­ment d’au moins quatre cassettes magnétique­s avec des chansons qui ont marqué cette période. On se souvient de Enti Chaaba, El Ghram Fnak, Ya El Ghoumri ,ou encore Sidi Rassek Lanjal. A Annaba, Cheikh Brahim Bey, Berhouma pour les intimes, était très apprécié de ses admirateur­s qui ne le quittaient pas d’une semelle lors de ses déplacemen­ts pour animer les fêtes d’ici et d’ailleurs. A Alger, la capitale, où il avait animé plusieurs fêtes et mariages, Didine Kharoum, Aziouz Raïs, le défunt Amar Zahi… comptaient parmi ses amis. Fervent défenseur des couleurs du club fétiche de la wilaya, USM Annaba, il n’avait pas hésité à lui consacrer une chansonnet­te en guise d’hommage et d’amour dont le titre est Hamret lalouane, l’une des préférées des «hooligans», les supporter de l’équipe. Cheikh avait participé à plusieurs festivals dédiés à son style, mais également ignoré dans plusieurs autres par les autorités locales. Fier, il avait toujours mené une vie modeste, voire précaire. La maladie, qui l’avait atteint depuis plusieurs années, a réduit ses ressources avec lesquelles il subvenait aux besoins d’une famille nombreuse. Même le logement social qui lui avait été attribué récemment était à un étage élevé. Ses amis l’ont logé avec sa famille dans une maison au centrevill­e, moins contraigna­nte vu son état grabataire. Brahim, l’homme au sourire éternel, est parti. Il a laissé derrière lui une famille en pleurs et une ville attristée. Adieu Brahim Bey, adieu l’artiste…

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