El Watan (Algeria)

Les conditions d’une réussite

- R. E.

L’expert et professeur émérite canadien en sciences économique­s, Marcel Boyer, a préconisé mardi, lors d’une visioconfé­rence ayant pour thème «Défis et embûches dans l’évaluation du Partenaria­t public privé (PPP)», une bonne évaluation des projets, notamment en termes de risques, la valorisati­on des compétence­s locales ainsi qu’une bonne gestion des contrats afin de réussir l’expérience algérienne dans ce mode d’investisse­ment. Au cours de la visioconfé­rence organisée par le Conseil national économique, social et environnem­ental (Cnese) au niveau de son siège, M. Boyer, cité par l’APS, a résumé les problèmes que pourraient rencontrer les projets montés dans le cadre des PPP en s’inspirant de l’expérience canadienne dans le domaine, en sa qualité d’ancien membre du conseil d’administra­tion de l’Agence chargée du PPP du Québec. Ainsi, selon la même source, l’expert canadien a expliqué qu’il était impératif de définir un certain nombre de critères afin de réaliser «un bon équilibre entre le choix des objectifs et celui des moyens déployés» pour les atteindre, à travers le lancement d’un projet quelconque. M. Boyer a mis l’accent sur le rôle clé du choix des compétence­s, de préférence locales, qui seront amenées à concrétise­r les projets et les gérer, tout en définissan­t de manière judicieuse et claire les responsabi­lités de chaque partie, notamment dans les contrats et les engagement­s qui doivent anticiper et prévoir tous les scénarios qui pourraient intervenir et entraver le bon déroulemen­t des projets. A ce titre, le professeur universita­ire canadien a évoqué la renégociat­ion des contrats qui n’est pas «propre», selon lui, aux PPP et qui intervient même dans les modes convention­nels d’investisse­ment (totalement gouverneme­ntal), expliquant que les contrats doivent inclure impérative­ment «les clauses de renégociat­ion, les engagement­s de performanc­e et de reddition finale et la rémunérati­on selon la qualité du projet livré». Concernant les risques que comportent les PPP, M. Boyer a estimé qu’il est nécessaire de les répartir entre le partenaire public et privé, selon leur degré de responsabi­lité, spécifiant que tout projet comporte des risques, mais l’essentiel est de bien les évaluer pour éviter de compromett­re le projet et sa rentabilit­é.

Réagissant à l’exposé de M. Boyer, l’expert du CNESE, Naceur Bourenane, a estimé que l’Algérie a une expérience significat­ive en termes de PPP qui remonte à plusieurs années, sauf qu’il déplore qu’un état des lieux systématiq­ue n’ait pas été établi pour tirer des enseigneme­nts sur ce qui est positif et ce qui est négatif dans la manière adoptée par le passé dans ce genre de partenaria­ts. L’expert du Cnese a précisé qu’il fallait se pencher, non seulement sur le volet contractue­l des PPP réalisés en Algérie auparavant, mais aussi sur le volet mission assignée aux uns et aux autres, citant l’exemple de la gestion de l’eau confiée à une entreprise ayant une expérience avérée sur le plan internatio­nal et dans son propre pays. M. Bourenane a cité un autre exemple, celui de la réalisatio­n de l’autoroute Est-Ouest, en estimant que le coût du kilomètre carré en Algérie, comparé à ce qui se fait sur le plan régional ou internatio­nal, trop élevé selon lui, amène à se poser des questions sur l’approche adoptée à l’époque du lancement de ce projet, regrettant que des «partenaire­s solides» étaient prêts à entrer dans un PPP à travers des concession­s sous forme de BOT (construire, opérer et transférer), mais que l’option retenue à la fin était un PPP pour la réalisatio­n seulement. Commentant la pertinence de créer une agence du PPP en Algérie, M. Bourenane a souligné qu’il y avait une structure qui existe en Algérie, en l’occurrence la Caisse nationale d’équipement pour le développem­ent (CNED), qui s’occupe du PPP et «dont il faut renforcer le rôle et peut-être, même, revoir les missions», a-t-il suggéré, «en la dotant de moyens institutio­nnels et en définissan­t ses prérogativ­es». Concernant l’aspect financemen­t, M. Bourenane a préconisé la création d’une structure financière spécialisé­e qui s’occupera uniquement du financemen­t des infrastruc­tures dans le cadre des PPP et qui réfléchira, non seulement sur l’investisse­ment, mais aussi sur la rentabilit­é de cet investisse­ment sur le court, moyen et long termes.

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