El Watan (Algeria)

LA COLÈRE MONTE CHEZ LES AVOCATS

Mardi soir, le barreau de Tébessa a annoncé sa décision de boycotter, à partir d’hier, les tribunaux et la cour de la wilaya et exige la libération immédiate de l’avocat.

- Madjid Makedhi

La décision de la chambre d’accusation près la cour de Tébessa de maintenir l’avocat Abderraouf Arslane en détention a suscité de vives réactions Mardi soir, le barreau de Tébessa a annoncé sa décision de boycotter, à partir d’hier, les tribunaux et la cour de la wilaya et a exigé la libération immédiate de l’avocat. L’Union nationale de l’Ordre des avocats et les autres barreaux à travers le pays appellent à réagir contre ce qui est considéré comme «une grave atteinte aux droits de la défense».

Les robes noires sont en colère. La décision de la chambre d’accusation près la cour de Tébessa de maintenir l’avocat Abderraouf Arslane sous mandat de dépôt a suscité de vives réactions. Mardi soir, le barreau de Tébessa a annoncé sa décision de boycotter, à partir d’hier, les tribunaux et la cour de la wilaya et exige la libération immédiate de l’avocat. En outre, le barreau de Tébessa appelle l’Union nationale de l’Ordre des avocats et les autres barreaux à travers le pays à réagir contre ce qui est considé comme «une grave atteinte aux droits de la défense». Individuel­lement, de nombreux avocats, particuliè­rement ceux qui sont engagés dans la défense des libertés et des détenus du hirak, expriment aussi leur colère face à ce précédent qui, selon eux, «n’augure pas de jours meilleurs pour cette noble profession». Parmi eux, il y a Me Abdelghani Badi, qui a posté sur sa page Facebook plusieurs messages de dénonciati­on, accompagné­s de la photo de son collègue Abderraouf Arslane. «La décision est maintenant entre les mains des avocats. Soit nous affirmons notre existence, soit nous disparaiss­ons.

Il faut s’opposer à la reproducti­on du modèle égyptien en matière de contre-révolution», écrit-il. Pour sa part, Me Zoubida Assoul affirme que «maintenir notre confrère Arslane en détention provisoire est un affront aux 48 000 avocats et au droit de la défense». «Nous devons réagir vite avant qu’il ne soit trop tard pour défendre les libertés consacrées par la Constituti­on de l’Algérie nouvelle», ajoute-t-elle.

SILENCE DE L’UNION DES ORDRES DES AVOCATS

Me Aïssa Rahmoune, pour sa part, exhorte ses confrères à réagir vite pour faire face à cette escalade contre les droits de la défense. Réagissant aussi à la nouvelle, Me Salah Dabouz «appelle les avocats à cesser immédiatem­ent toute activité si les responsabl­es des organisati­ons des robes noires ne sont pas en mesure de prendre une position honorable envers une atteinte à l’honneur de la profession». Dans une déclaratio­n postée sur sa page Facebook avant même la tombée du verdict de la chambre d’accusation de la cour de Tébessa, Me Mokrane Aït Larbi a affirmé que Abderraouf Arslane a été placé en détention «sans raison légale». «Avant cette affaire, les autorités n’avaient pas osé emprisonne­r un avocat en raison de ses déclaratio­ns politiques ou ses opinions. Car l’avocat ne peut être emprisonné ni poursuivi en raison de ses déclaratio­ns et ses propos, car cela fait partie de ses tâches quotidienn­es», précise-t-il. Et d’ajouter : «Si l’avocat viole ses prérogativ­es légales, il y a un conseil de discipline. La justice n’a rien à voir dans ce domaine. Mais aujourd’hui, l’emprisonne­ment devient la règle et la liberté l’exception.»

Mokrane Aït Larbi souligne aussi que «l’emprisonne­ment de notre collègue pour ses opinions laisse penser que les autorités politiques ont préparé une liste d’avocats actifs à mettre en prison». «Par conséquent, tous les avocats au niveau national sont tenus de boycotter toutes les séances à une date devant être déterminée par les organisati­ons d’avocats, et cela jusqu’à la remise en liberté de Abderraouf Arslane», exhorte-t-il. Pour rappel, l’Union des Ordres des avocats n’a pas encore réagi.

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La décision de la chambre d’accusation près la cour de Tébessa de maintenir l’avocat Abderraouf Arslane en détention a suscité de vives réactions

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