Début timide du scrutin dans la diaspora
La communauté nationale établie à l’étranger a été appelée, dès jeudi, à prendre part aux élections législatives. Mais les membres de la diaspora, particulièrement en Europe et aux Amériques, se sont majoritairement abstenus d’aller glisser leurs bulletins de vote dans les urnes.
Durant ces deux premiers jours de l’opération, précédant comme à l’accoutumée le début du scrutin en Algérie, les électeurs se sont rendus au comptegouttes dans les bureaux de vote, accueillis généralement au sein des consulats.
Il faut dire que ces élections semblent être un nonévénement pour de nombreux compatriotes, du moins ceux établis en France, y compris quand il leur arrive de se déplacer ces jours-ci au niveau des représentations consulaires algériennes. «Non, je ne voterai pas. Je ne savais même pas qu’il y avait un vote aujourd’hui. Je m’en fous complètement. On nous aime uniquement pour ça ! Je suis venu me renseigner sur l’ouverture des frontières et la possibilité de partir cet été voir la famille, car on n’arrive plus à savoir comment avoir un billet d’avion», explique Khaled, rebroussant chemin du consulat général d’Algérie à Paris. «Ce sont toujours les mêmes sous des casquettes différentes. Les jeunes veulent un vrai changement, sinon ça ne sert à rien», a-t-il martelé. A l’instar de leur campagne électorale très timide, les candidats et les partis politiques participant à cette échéance se sont montrés plutôt discrets, surtout avec la présence dans la quasi-totalité des centres de vote, sous haute surveillance de la police française, de groupes contestataires hirakistes, plus que jamais virulents vis-à-vis du pouvoir et tous ceux qui ont fait le choix de participer au scrutin législatif considéré ainsi comme «une nouvelle mascarade électorale». Dans les slogans et les pancartes, une seule constante : «Les candidats et les votants trahissent le peuple algérien et sa révolution de février 2019.» Ce qui contraste avec le discours officiel du gouvernement, pour qui le taux de participation est un enjeu majeur, faisant des boycotteurs des «ennemis de la nation» et des «dangers pour la stabilité du pays». Entre ces parties diamétralement antagonistes, le parti Jil Jadid prône une voie médiane, se voulant «centriste», et assume pleinement sa stratégie participationniste.
Son vice-président, Zoheir Rouis, affirme que la campagne électorale de sa formation dans la diaspora s’est déroulée globalement «dans les meilleures conditions possibles», tout en admettant qu’elle avait commencé difficilement à cause de plusieurs facteurs. «Nous avons privilégié le contact direct avec les citoyens sur le terrain en allant à leur rencontre. Je ne vous cache pas qu’au début de la campagne, nos militants et candidats avaient une certaine appréhension de procéder de la sorte, compte tenu du contexte de désaffection généralisée des citoyens vis-à-vis des élections et de leur colère compréhensible à l’égard des mesures drastiques prises par le gouvernement les privant de se rendre en Algérie», a-t-il expliqué, sans oublier de mentionner la «bonne expérience» de mener campagne également sur les réseaux sociaux et autres outils numériques. Concernant le déroulement du scrutin, le responsable de Jil Jadid en Europe souligne – en se basant sur les constats des observateurs du parti présents dans les bureaux de vote – que «sur le plan de l’organisation, les choses se déroulent relativement bien». Néanmoins, il relève quelques carences : «Nous regrettons que le transport des électeurs par bus vers le centre de vote de Marseille soit organisé par le consulat, sans que les partis en lice ne participent en amont à la décision sur l’opportunité d’une telle initiative, à l’organisation et la supervision de ce type de démarche. Par ailleurs, et même si cela n’est pas une obligation légale, nous aurions aimé que toutes les délégations de l’ANIE communiquent en transparence, a minima à la presse et aux partis en lice, le taux de participation par bureau de vote, en milieu et en fin de journée, pour chaque journée de vote. Certaines délégations le font spontanément, d’autres s’y refusent.»