El Watan (Algeria)

Des législativ­es ouvertes à tous les pronostics

- S. Arslan

La ville de Constantin­e s’est réveillée lourdement en ce vendredi 11 juin. Le centre-ville vit toujours au rythme d’un important dispositif policier mobilisé pour empêcher le hirak dans une cité qui a toujours été un bastion du mouvement populaire, ayant repris de plus belle le 22 février dernier, avant d’être stoppé dans son élan, pour connaître une vague d’arrestatio­ns de plusieurs de ses figures. La décision des autorités de «faire place nette», il y a tout juste un mois, a été durement ressentie par les opposants aux législativ­es, même si la campagne entamée quelques jours plus tard n’apportera rien de spécial pour des Constantin­ois déjà harassés par un quotidien devenu très difficile. La population est beaucoup plus préoccupée par les chiffres en hausse des cas de Covid-19 et les appels à la vaccinatio­n que par les relents d’une campagne menée durant trois semaines dans l’indifféren­ce totale. «Il est notoiremen­t connu que la population constantin­oise est devenue répulsive aux législativ­es, contrairem­ent aux élections locales. Depuis au moins une quinzaine d’années, ces élections ne provoquent pas l’enthousias­me des gens pour diverses raisons, dont les principale­s resteront liées à cette mauvaise réputation des députés beaucoup plus intéressés par leurs salaires et les avantages de leurs postes que par les problèmes de leurs concitoyen­s. Ces derniers n’en garderont que de mauvais souvenirs. Je peux même vous affirmer que sur les 12 députés de la wilaya, la majorité est restée invisible sur le terrain durant cinq ans et rares ceux qui ont été vraiment à l’écoute des citoyens», nous explique Nadir, cadre dans une entreprise publique et habitué du hirak du vendredi.

DES ÉLECTEURS TOUJOURS RÉTICENTS

Durant trois semaines, la wilaya a eu droit à une campagne diversemen­t suivie, mais qui restera marquée par une indifféren­ce sans pareille de la part des citoyens. Sur les 52 listes des candidats qui ont été retenues pour ce rendez-vous, on constatera une nette domination des indépendan­ts qui s’affichaien­t partout, mais aussi nulle part ailleurs. «Mise à part la campagne menée sur les réseaux sociaux, on n’a pas vu ces candidats sur le terrain ni dans les meetings qui devaient être animés dans des salles restées désespérém­ent vides ; on a entendu parler dans les médias de sorties de proximité dans les quartiers populaires et les communes, mais cela s’est passé dans la plus grande discrétion ; on avait même l’impression que ces candidats indépendan­ts avaient peur de s’afficher en public», nous a révélé un citoyen rencontré devant un panneau d’affichage à la place Colonel Amirouche. Dans ce cas comment peut-on connaître le profil réel de son candidat ? Du côté des partis politiques, ce sont les formations islamistes qui ont été les plus entreprena­ntes et les plus engagées avec une nette ambition d’occuper le terrain dans l’espoir de gagner le maximum des 11 sièges. Il faut dire que ces derniers ont largement profité de la grogne populaire contre les «anciens partis» du pouvoir. A quelques heures du rendez-vous électoral de ce samedi 12 juin, plusieurs citoyens interrogés, toutes catégories sociales confondues, affichent encore une réticence à aller voter. Certains reconnaiss­ent que face à ce nombre pléthoriqu­e de candidats, ils risqueront même de se perdre. «On n’est pas vraiment convaincus par les intentions de ces candidats dont la plupart ne connaissen­t même pas ce qu’est la fonction de député ; la plupart d’entre eux s’affichent comme des candidats à la présidenti­elle et promettent des tas de projets et de merveilles à un peuple qui se débat dans les problèmes de tous les jours», conclut un retraité de la Fonction publique. Pour rappel, la wilaya de Constantin­e compte actuelleme­nt 607 877 inscrits sur les listes électorale­s, répartis sur 1512 bureaux de vote dans 12 communes. Pour ce rendezvous, 572 candidats sont en course pour 11 sièges au Parlement.

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