Le doyen de la peinture algérienne
Un hommage a été rendu, le 8 juin, à l’artiste peintre, à l’ancien directeur de l’Ecole nationale d’architecture, des Beaux-Arts et du Musée national public des beaux-arts d’Alger.
Al’occasion de la célébration du centenaire de la naissance de l’artistepeintre, Bachir Yelles Chaouche, une cinquantaine d’anciens de ses élèves ont voulu lui rendre un vibrant hommage à travers la tenue d’une exposition de peinture qui lui sera consacrée du 8 juin au 12 septembre prochain au Musée national public des beaux-arts d’Alger. En cette journée ensoleillée, des convives de marque sont venus rendre hommage à Bachir Yelles. Un artiste magistral, mais modeste, qui a formé des générations entières. Un artiste discret, et surtout passionné qui est doté, aujourd’hui encore, d’une exceptionnelle soif de créativité. Pour ceux qui s’en souviennent, Bachir Yelles n’était pas avare en conseils sur les techniques de peinture… à ceux qui comme lui aiment faire courir le pinceau sur la toile. L’oeuvre de ce doyen de la peinture algérienne est immense et le défi d’y toucher n’est pas si simple à relever, c’est du moins ce que pensent ses anciens élèves. Avec l’élégance qu’on lui connaît, l’artiste peintre Bachir Yelles a répondu présent à cet hommage, initié par ses anciens élèves de l’Ecole nationale d’architecture et des beaux-arts d’Alger. Un peu d’appréhension pour ces beausaristes des années 80, rechercher du regard des visages connus, enfin se reconnaître avec accolade et embrassade devant l’entrée du Musée des beaux-arts. Quarante ans après, la charrette des retrouvailles sonne. Tous n’ont rien oublié de leurs souvenirs, révolus à jamais. Ils sont comme impressionnés par la puissance du temps. L’émotion est au rendez-vous pour ces ex- élèves, dont certains sont déjà retraités et d’autres sont toujours en activités. L’émotion monte de plusieurs crans quand le doyen de la peinture algérienne, Bachir Yelles, rejoint ses convives au rez-de-chaussée du musée, plus exactement au niveau de la grande salle d’exposition qui lui est consacrée. Sa démarche est lente mais altière. Son regard est lucide et lumineux. Son esprit est vif et averti. En un laps de temps, le maître est entouré de ses élèves, comme au bon vieux temps. Certains ne l’ont pas revu depuis des années. D’autres n’ont pas rompu le lien avec lui. Bachir Yelles salue ses élèves avec gentillesse. Sa mémoire est intacte puisqu’il reconnaît presque tout le monde. Il échange des propos complices avec la plupart des présents. L’invité de marque Bachir Yelles prend place pour s’adresser à son assistance fort nombreuse. Il fait part de sa joie et de son émotion de se retrouver parmi cette grande famille de l’école mais aussi de la culture avec toutes ses composantes, pour partager cet événement alors que le poids de son âge commence à se faire sentir. «Si aujourd’hui, nous sommes tous là réunis, c’est pour essentiellement commémorer une épopée fantastique que nous avons partagée avec un certain nombre d’entre vous au lendemain de l’indépendance et qui correspond à l’avènement de l’Ecole nationale des beaux-arts et la formation des premières promotions d’artistes. Je parle d’épopée, car après avoir assisté durant ce siècle d’existence, à l’avènement du Mouvement nationaliste algérien au lendemain des deux Guerres Mondiales et auxquelles nous avons voulu nous, artistes algériens, apporter notre engagement par la tenue de la première exposition des peintres et des miniaturistes musulmans en 1944. La mission de prendre en charge des destinées de l’Ecole nationale des beaux-arts au lendemain de l’indépendance a été vécu pour moi et la poignée d’enseignants algériens de l’époque, comme un véritable sacerdoce, eu égard à la guerre de Libération menée par notre vaillant peuple.» Notre interlocuteur poursuit en disant que cette mission à la tête de l’Ecole nationale des beauxarts n’a pas été de tout repos au vu des défis immenses qu’il fallait relever. Preuve en est. Il y avait la création de l’école à réaliser mais aussi faire l’exploit de la première rentrée universitaire en octobre 1962. Il y avait aussi l’organisation des enseignements aussi bien en architecture que pour les Beaux-Arts, décliner les programmes d’enseignement y afférent mais aussi mettre sur pied les premières promotions. Bachir Yelles souligne que c’est grâce à cette foi inébranlable en l’avenir de notre pays, «partagée avec des artistes talentueux qui sont les Racim, Ali Khodja, Temmam, Ghanem, Ben Debagh, Mesli, Issiakhem, Cherifi, Bouchama, que nous avons pu surmonter les difficultés pour mener à bien cette tâche de formation et de participer à notre manière la reconstruction de notre pays. L’école a connu ses heures de gloires et a vu l’émergence de promotions entières, talentueuses, mise au service du développement du pays. L’école, qui a acquis un prestige, a pu rayonner aussi bien à l’échelle nationale qu’à l’échelle internationale. Elle a ou contribuer à l’essor de notre culture au patrimoine». L’artistepeintre Bachir Yelles estime que toutes ces promotions d’élèves de l’époque ont repris le flambeau de la formation et que ces talents continuent d’être exercés aussi bien en Algérie qu’à l’étranger. Il conclut son intervention en souhaitant le meilleur pour le futur de l’école, des artistes, des élèves et pour la communauté artistique nationale. Si tous les anciens élèves des Beaux-Arts d’Alger sont repartis avec le projet de se revoir très vite, il n’en demeure pas moins que les potentiels visiteurs pourront durant trois mois aller à la découverte de l’exposition de peinture rassemblant les travaux d’une cinquantaine d’anciens étudiants. De même que des vitrines sont consacrées au parcours de Bachir Yelles. On y retrouve entre autres des diplômes, d’anciennes coupures de journaux ou encore des ouvrages. Il est également attendu la sortie d’un catalogue, le jour de la clôture le 12 septembre prochain, coïncidant avec le jour de ses 100 ans.