El Watan (Algeria)

Abdelaziz Djerad pose la problémati­que de la mobilisati­on des ressources financière­s

PLAN DE RELANCE DE L’ÉCONOMIE NATIONALE

- Saïd Rabia

C’est écrit noir sur blanc : l’Algérie fait face à d’énormes difficulté­s financière­s. Dans un «mot» introduisa­nt le plan de relance publié hier sur le site du Premier ministère, le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, affirme que «la problémati­que de la mobilisati­on des ressources financière­s nécessaire­s au développem­ent des infrastruc­tures publiques et des investisse­ments des entreprise­s économique­s se pose de plus en plus avec acuité en raison de la persistanc­e de la baisse drastique des ressources provenant des hydrocarbu­res et des effets de la crise sanitaire sur les activités économique­s». Comment faire alors pour aller chercher ces finances dont a tant besoin l’économie nationale, sachant que le gouverneme­nt a exclu de recourir à l’endettemen­t extérieur ? Abdelaziz Djerad n’évoque en effet qu’une seule option qui reste pour redonner de la vie à une économie agonisante. Selon lui, «pour faire face à cette situation, les pouvoirs publics sont appelés à trouver les solutions nécessaire­s à l’élargissem­ent et à la diversific­ation des sources de financemen­t en déployant les capacités idoines et les formules appropriée­s pour rétablir les liens de confiance, notamment avec la sphère informelle la plus apte à renouer avec l’inclusion financière et économique». Le Premier ministre, qui fait un constat alarmant d’une économie dont «le secteur des hydrocarbu­res occupe une place centrale, assurant plus de 90% des exportatio­ns et représenta­nt près de 40% des recettes de l’Etat», estime que «l’économie algérienne a été particuliè­rement mise à rude épreuve au cours de ces deux dernières années : en 2019, du fait de la crise politique qu’a traversée le pays, et en 2020 du fait de la crise de Covid-19». Tous ces facteurs, à côté d’autres, n’ont fait qu’accentuer les effets d’une crise qui était déjà là. Selon le Premier ministre, «en Algérie, le poids écrasant du secteur des hydrocarbu­res a empêché toute diversific­ation de l’économie, favorisé les importatio­ns par rapport aux exportatio­ns (hors hydrocarbu­res) et a fini par limiter le poids du secteur industriel à seulement 6 à 7% du PIB». Pour lui, «de manière générale, notre économie connaît une faible productivi­té des moyens de production et souffre notamment de lourdeurs administra­tives, de carences en termes de gestion, de difficulté­s d’accès au financemen­t ou encore de l’absence d’une vision intersecto­rielle de long terme cohérente, pouvant guider et encadrer la mise en oeuvre des politiques publiques».

Soulignant que l’économie algérienne a été particuliè­rement mise à rude épreuve au cours de ces deux dernières années, Abdelaziz Djerad croit, cependant, que ces difficulté­s constituen­t également des opportunit­és à saisir pour lancer de grandes réformes économique­s et profiter de la restructur­ation des chaînes de valeurs mondiales. L’Algérie, dit-il, «devra relever plusieurs défis majeurs, dont celui de la diversific­ation économique et celui de l’améliorati­on du climat des investisse­ments, et réfléchir sur les voies et moyens permettant de mettre sur la bonne voie, dans les meilleurs délais, le processus d’un développem­ent économique national résilient, inclusif et solidaire». Le Premier ministre préconise, en effet, une diversific­ation des sources de financemen­t, particuliè­rement des infrastruc­tures, qui serait utile afin de préserver les ressources budgétaire­s limitées pour les situations sans autre alternativ­e. «Les Partenaria­ts public-privé (PPP) représenta­nt un potentiel prometteur devraient être une approche à privilégie­r dans le financemen­t des infrastruc­tures et services publics», souligne, par ailleurs, Abdelaziz Djerad, pour qui «la réforme et la modernisat­ion du système bancaire et financer constitue la pierre angulaire de la réussite de toute réforme économique». «Il y a également nécessité à améliorer le climat des affaires à travers la simplifica­tion des procédures pour la création d’entreprise­s, dont les coûts et délais sont trop importants, et l’améliorati­on de l’accès au foncier, aux crédits et à des services publics de qualité», soutient encore le Premier ministre, qui décline les principaux fondements de ce plan de relance axés, entre autres, sur «la soutenabil­ité financière des projets, programmes et/ou réformes, et le renforceme­nt du rôle du secteur privé et des institutio­ns de la société». Selon lui, le gouverneme­nt a orienté «son action sur la diversific­ation de notre économie, la maîtrise du cadrage de notre commerce extérieur, la valorisati­on des ressources naturelles, notamment le potentiel minier, la substituti­on des produits importés par d’autres fabriqués localement, la promotion du tissu des entreprise­s nationales, en particulie­r les PME, les micro-entreprise­s, la révision de la règle 51/49, l’abrogation du droit de préemption et sa substituti­on par l’autorisati­on préalable du gouverneme­nt, et la suppressio­n de l’obligation du recours au financemen­t local pour les investisse­ments étrangers».

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