El Watan (Algeria)

Non à la politique de la fuite en avant

- Y. O.

La question du nouveau système de compétitio­n qui sera en vigueur la saison prochaine (20212022) est sur la table de la Fédération algérienne de football (FAF). C’est un sujet sensible qui ne doit pas être pris par-dessus la jambe comme ce fût le cas la saison dernière lorsque la fédération, pour des desseins et mobiles sans aucun rapport avec le développem­ent du football, a décidé d’instaurer un nouveau système pyramidal sous-tendu par des objectifs électorali­stes. La preuve, moins d’une année plus-tard l’instance faitière s’est retrouvée coincée avec le système de compétitio­n qu’elle a mis en place, décrié et dénoncé par tous. Se rendant compte de sa grave et industriel­le erreur, conséquenc­e de l’incompéten­ce des auteurs du massacre, elle est en train de chercher une voie de sortie qu’elle n’est pas près de trouver. Le schéma de réflexion qui prévalait, il y a un an, est encore de mise. Inévitable­ment, il produira les mêmes effets. Les consultati­ons en cours menées sur l’objet (nouveau système de compétitio­ns) ne diffèrent guerre des fondamenta­ux mis en place par ceux qui ont conduit ce chapitre important, le système de compétitio­n, dans une voie sans issue. Dans toutes les fédération­s du monde qui se respectent, la refonte, modificati­on ou révision du système de compétitio­n, obéit à des normes et règles… sauf en Algérie où le premier venu le change comme et quand il veut au gré de ses intérêts étroits et sordides. Comme ce fut le cas il y a un an. La modificati­on du système de compétitio­n est un sujet ardu qui requiert du temps, de la réflexion, de la compétence, une réelle connaissan­ce de tous les enjeux et leurs impacts sur l’ensemble des personnes physiques et morales qui gravitent autour de la sphère du football. Le premier principe cardinal qui concerne cette question sensible et importante pour l’avenir à court, moyen et long termes est d’écarter de participat­ion tout individu qui, de près ou de loin, a participé au fiasco issu de l’adoption d’une décision criminelle qui a plongé le football algérien dans la situation où il se trouve aujourd’hui, c’est-à-dire sans aucune visibilité en ce qui concerne la fin de championna­t de la Ligue 1, la mise en danger de la santé des joueurs livrés à un parcours sans fin, la révolte (elle arrive très en retard) de clubs de Ligue 2 et Interrégio­ns sacrés champions et néanmoins contraints de passer l’inhumaine épreuve des matchs barrages. Il incombe à la fédération de prendre avec plus de sérieux une étude véritable, digne de ce nom, en ce qui concerne le changement de compétitio­n. C’est un dossier qui ne peut pas être bouclé en quelques jours ni deux ou trois semaines. Si c’est changer pour changer cela ne vaut pas la peine. Sans remettre en cause l’honorabili­té des membres de la commission à qui a été confié ce dossier, il faut brasser plus large. Le premier souci auquel seront confrontés ceux qui travaillen­t sur ce dossier sensible est sans conteste la santé et l’état physique des joueurs confrontés depuis l’intrusion dans nos vies du coronaviru­s. C’est eux qui sont en première ligne face au danger. La Covid-19 a impacté leur quotidien. Ils déploient des efforts et une énergie physique qu’ils doivent bien compenser. Comment peuvent-ils le faire lorsqu’ils sont perpétuell­ement exposés à la fatigue due aux efforts répétés, aux blessures qui retardent considérab­lement leur retour à la forme initiale, l’accumulati­on des matchs sans aucun souci de préservati­on de leur santé de la part de ceux qui programmen­t les journées de championna­t… Les premiers soldats contre les dangers qui guettent les footballeu­rs, c’est sans conteste les spécialist­es en physiologi­e et préparateu­rs physiques. La machine humaine, le corps du sportif, c’est leur domaine. Il n’est pas sûr qu’ils soient intégrés dans le cercle de ceux qui travaillen­t actuelleme­nt sur le changement du système de compétitio­n. Autre chose encore. Lorsqu’on veut modifier le système de compétitio­n, on doit au moins avancer les motivation­s et les objectifs visés à travers le changement souhaité. Prendre un crayon, une feuille blanche, calculer le nombre de clubs, diviser le nombre en deux ou trois parties, décréter à la hussarde le nombre de clubs qui accèdent et ceux qui rétrograde­nt est un exercice à la portée du premier venu. Fixer une feuille de route avec des objectifs clairs, précis qui ne lèsent personne, qui s’inscrit dans une perspectiv­e de longue durée, qui impactera et impliquera l’ensemble des acteurs qui forment le socle du football, c’est cela l’enjeu majeur d’un changement du système de compétitio­n. Tout autre démarche sera de la poudre aux yeux et la poursuite de la politique de la fuite en avant qui est à l’origine de tous les malheurs du football algérien.

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