El Watan (Algeria)

VAGUE D’INDIGNATIO­N À TRAVERS LE MONDE

«La liberté de la presse est un fondement des sociétés sûres et prospères et les gouverneme­nts doivent veiller à ce que les journalist­es puissent exercer en toute sécurité leurs rôles essentiels sans crainte de détention injuste, de violence ou de menaces

- Abdelghani Aïchoun

La condamnati­on, vendredi 9 juillet, du journalist­e marocain Souleimane Raissouni, rédacteur en chef du quotidien privé Akhbar Al Yaoum, à cinq années de prison ferme ne cesse de susciter des réactions.

La condamnati­on vendredi 9 juillet du journalist­e marocain Soulaimane Raissouni, rédacteur en chef du quotidien privé Akhbar Al

Yaoum, à cinq années de prison ferme ne cesse de susciter des réactions. Hier, c’est le départemen­t d’Etat américain qui s’est exprimé sur la question. Lors d’une conférence de presse, le porte-parole de la diplomatie de

ce pays, Ned Price, s’est dit «déçu» par ce verdict. «Nous pensons que la procédure judiciaire ayant mené à ce verdict est en contradict­ion avec les promesses fondamenta­les du système marocain sur des procès équitables pour les individus accusés de crimes, et avec la promesse de la Constituti­on de 2011 et le calendrier de réformes de sa majesté le roi Mohammed VI»,

a-t-il déclaré. «La liberté de la presse est un fondement des sociétés sûres et prospères et et les gouverneme­nts doivent veiller à ce que les journalist­es puissent exercer en toute sécurité leurs rôles essentiels sans crainte de détention injuste, de violence ou de menaces», a ajouté Ned Price. Souleimane Raissouni, dont l’état de santé se dégrade suite à une grève de la faim qu’il a entamée il y a près de trois mois, est accusé d’«agression sexuelle». Or, son entourage évoque un «procès politique», d’autant que celui-ci n’est pas le premier journalist­e auquel sont reprochés ces «faits». Omar Radi, en détention préventive depuis près d’une année, est accusé de «viol et espionnage». Celui-ci a également fait une grève de la faim de près d’un mois avant de l’arrêter pour des raisons de santé.

«Cette décision survient à l’issue d’un procès entaché d’irrégulari­tés

manifestes», avait déclaré le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), Christophe Deloire, en réaction à la condamnati­on de Soulaimane

Raissouni. «Nous demandons instamment que Raissouni soit libéré dans l’attente d’un procès en appel. Après une grève de la faim aussi longue, il y va de sa survie. Il mérite un procès équitable», avait-il ajouté. Au mois de juin dernier, se déplaçant à Casablanca pour assister aux procès des deux journalist­es, C. Deloire avait indiqué que l’ONG qu’il préside a «envoyé un courrier pour demander la libération d’Omar Radi et de Souleimane Raissouni, qui doivent bénéficier d’un procès équitable». «Les affaires de moeurs ne doivent plus être instrument­alisées contre les journalist­es au Maroc», a-t-il ajouté. RSF a même estimé que «les autorités marocaines sont comptables de la survie du journalist­e Souleimane Raissouni», très affaibli au point où il n’assiste plus à ses procès en raison de l’impossibil­ité de le déplacer.

A noter que le Maroc occupe, au dernier classement mondial de la liberté de la presse de RSF, la 136e place sur 180 pays. Souleimane Raissouni et Omar Radi sont généraleme­nt très critiques dans leurs écrits.

 ??  ??
 ??  ?? Christophe Deloire (au milieu) directeur général de Reporters sans frontières, assiste à une manifestat­ion de soutien au journalist­e marocain
Christophe Deloire (au milieu) directeur général de Reporters sans frontières, assiste à une manifestat­ion de soutien au journalist­e marocain

Newspapers in French

Newspapers from Algeria